Comment vous est venue la volonté d’enregistrer l’album en Inde et de tisser des liens entre le rock et la musique indienne ?
Chloé Mons : Cela vient de mon histoire personnelle avec mon père. Il va en Inde depuis 40 ans et j’y suis allée dès enfant. L’Inde est sa terre d’adoption et c’est donc aussi un peu le mienne. Il y a 3 ans, lors d’un voyage là-bas, j’ai été impressionnée par la musique lors des cérémonies religieuses et je me suis dit que le moment était venu de faire quelque chose avec ça.
L’envie de filmer et de faire un documentaire sur l’enregistrement de cet album était présente dès le début ? Pourquoi cette envie de faire un documentaire ? Vous n’imaginiez pas au démarrage ce final tragique ?
Oui dès le début je voulais faire un film de toute cette histoire, car même sans cette fin inattendue et dont je me serais bien passée (!!!), c’était de toute façon quelque chose d’un peu fou: Emmener tous ces gars du rock au bout du monde pour travailler avec des indiens. Cela avait bien sûr le goût de l’inconnu et de l’aventure et filmer tout ça me paraissait naturel. Je voulais garder cette histoire en images absolument. Je ne pouvais pas imaginer une fin pareille. Elle a largement dépassé mes rêves ou plutôt mes cauchemars ! Même au coeur de l’enfer, vous ne pouvez pas croire ce qui se passe, vous espérez vous réveiller.
On vous voit jouer du Bach et du Satie, une reprise de Fly me to the Moon est présente sur l’album, les musiques classique, jazz font partie de vos influences pour la composition de vos morceaux rock ?
Pas du tout. Quand j’écris et que je compose je ne suis branchée que sur moi-même, sur mon animalité, sur ma vie, sur mon expérience, mon ressenti. Et les choses, les mots, les sons, les notes viennent comme ça, juste guidés par cette chose très intérieure.
Par contre dans ma vie, à côté de cette musique que je fais, je suis une étudiante éternelle en musique ! Je fais beaucoup de piano classique et aussi depuis peu, du chant lyrique. C’est comme un chemin que je fais à l’envers ! Au lieu de faire le conservatoire enfant et de me mettre au rock après, je fais le contraire et je suis très heureuse de découvrir tout ça.
Les chansons de l’album ont été composées en France ? Par vous même? Avec Yann Pechin? Vous aviez déjà en tête comment placer les instruments indiens?
Tout a été écrit en France ou ailleurs selon mes déplacements. Je peux écrire partout, dans un café ou dans un bus, mes carnets ne me quittent pas. Je compose seule à la maison et dès le début je pensais à la musique indienne. J’avais d’ailleurs ramené de là-bas des petites boîtes à rythmes jouant des tablas pour pouvoir composer avec cette couleur en tête et dans les oreilles. Ensuite une fois que les chansons sont là, mots et mélodies, Yann vient les jouer avec moi qui les chante et tout devient fluide et vivant.
Comment avez-vous trouvé l’énergie de réenregistrer tous les morceaux à Paris ?
Pas le choix. L’idée que rien ne restait de cette histoire n’était tout simplement pas possible. Et l’idée que mon rançonneur s’imaginait que mon disque était son « son » me semblait impossible aussi. La seule réponse à cette situation était de réenregistrer, de faire exister ces chansons à tous prix, et avec le film, cela avait tout son sens, la boucle était bouclée.
Au final, que retenez vous de cette épopée incroyable et de ce disque qui après toutes ces embuches existe ?
Je suis heureuse du disque, heureuse de l’objet complet, heureuse d’avoir positivé cette situation terrible. J’ai beaucoup appris de cette histoire, sur la face sombre de l’humanité, sur ce métier aussi. J’ai réalisé dans ma chaire que je suis une artiste à 100 pour 100 et pas une productrice. Je ne le suis que par contrainte dans un monde où il est difficile d’exister autrement.
Merci