France 5 diffuse en ce moment Shoah. (5, 6, 7, 8 Mai 2008).
Revoir et revoir Shoah est un événement. A chaque fois, on ressent la même émotion, la même fascination, le même intérêt pour cette oeuvre absolue.
Il y a 2 choses qui m'ont frappé, l'une essentielle, l'autre anecdotique :
L'essentiel
Ce qui fait l'incomparable force de Shoah est la précision et la détermination de Claude Lanzmann, à dire et à faire dire les faits. Il ne se contente jamais de généralités, il va chercher dans les
témoignages les plus petits détails techniques, historiques. Ce sont ces petits faits qui donnent une force saisissante au film, le rende à bien des égards hallucinant. Mais cette hallucination est
une réalité historique sans cesse vérifiée, sans cesse pourchassée par l'auteur.
Lanzmann est un journaliste en enfer qui ne recule devant aucune porte, devant aucune question.
Il y a aussi le fait que Claude Lanzmann nomme les choses avec le plus de précision possible,
" Un gaz... oui mais quel gaz...?"
" Ah le gaz d'échappement du camion, avec un tuyau pour le répandre dans le camion..."
"Quel était la couleur du camion?..." etc...
Ce sont ces précisions qui rendent le film Shoah si monumental.
C'est une oeuvre d'art.
L'anecdotique
Shoah a été tourné avant la chute des régimes communistes en Europe de l'est.
A ce titre le film est un document historique voire ethnographique sur la société polonaise de l'époque, avec des images de paysages, de personnes, de vie quotidienne.
Shoah montre aussi une société paysanne assez archaîque en pleine méconnaissance de ce qui s'est pasé chez elle, sans beaucoup de volonté de compréhension ni de capacité d'analyse.