Ça y est, le mauvais temps revient, et avec lui une sourde envie de chaleur et de douceur conjuguées. Les pulls chauds, les manteaux longs, c’est très bien, mais n’y aurait-il pas plus adéquat, et surtout plus simple ? Négligée par beaucoup pour son côté sport, la chemise en flanelle est cette pièce à laquelle on ne pense pas, agréable pourtant, et qui mérite d’être défendue. Ah, si seulement Gianni Agnelli lui avait donné ses lettres de noblesse !
La flanelle, qu’est-ce que c’est ?
Petit rappel : la flanelle est un tissu de laine cardée (ou de laine peignée) à l’aspect duveteux dont les fibres ont été passées au fouloir. « La laine peignée est fabriquée à partir de longues fibres. Les fils sont réguliers et plus solides que la laine cardée qui est constituée de fibres courtes. » (Florence Ferrari, Guide des textiles, Esmod Editions) Pour les différencier, rien de plus simple. La laine cardée a un aspect « ébouriffé et brouillé », la laine peignée un aspect « net et régulier ». Quant à la laine grattée, elle présente un aspect « gonflant et moelleux ». Il existe également des flanelles de coton, grattées sur un ou deux côtés, utilisées pour la réalisation de vêtements de nuit, de couvertures et… de chemises.
Une erreur fréquente tend à identifier chemise en flanelle et chemise tartan, ce qui n’a rien d’obligatoire. Même chose pour les chemises en tissu écossais (plaid shirts, en anglais), dont nous vous proposons un exemple ci-dessous, très chic au demeurant, mais parfaitement étranger à la flanelle.
Selon diverses sources, un tissu ressemblant à la flanelle serait connu au pays de Galles depuis le XVIe siècle. Quant au mot français « flanelle », emprunté à l’anglais, son usage date du milieu du XVIIe siècle. « Voici comment je suis vêtu, écrit Flaubert en 1849 : ceinture de flanelle, une chemise de flanelle, un caleçon de flanelle, pantalon de drap, gros gilet, grosse cravate et paletot par-dessus ma veste le soir et le matin. » La faute au climat de la Seine-Maritime.
La chemise en flanelle, grande oubliée des dressings chics
Pour beaucoup, la flanelle est à la chemise ce que la laine est à la cravate : sinon une anomalie vestimentaire, une entorse aux codes en vigueur. Il est vrai que lorsqu’on évoque la chemise en flanelle, les premières images qui nous viennent à l’esprit sont celles de carreaux Tattersall, de vestes Barbour et de campagne anglaise, ou de Kurt Cobain arborant une chemise de bûcheron, ou de hipsters, geeks ou non. Loin du gentleman farmer, de la rock star et de la « contre-culture », il est possible d’opter pour une chemise plus classique, unie par exemple, propre à s’accorder avec un blazer, une veste en tweed ou en velours à fines côtes. De quoi renouveler un peu le très languissant casual Friday.
Ci-dessous, une chemise Cordone 1956 en flanelle 100/2 réalisée à la main.