Aurélie en mode Conscience de l’animal
Un éléphant arpente depuis des heures et une dinde glousse depuis tout aussi longtemps ce soir. Ici, certains ont des cafards monstre et d’autres de belles araignées au plafond. Un pivert s’ingénie à faire des travaux tous les dimanches et la semaine dernière, il a gentiment attendu que la paresseuse que je suis ai fini sa sieste pour becter son mur. Un canidé abandonné dans son box aboie après son chien de maître qui l’a laissé là et en fait profiter tout le monde. Parfois, je tourne comme un lion en cage parce que certains font souvent le singe dans le couloir à minuit passé. Là où ils échouent avec leurs rires de baleine, il faudrait encore que filer m’aille. Quitter la meute et ne pas rencontrer d’autres homards aussi siphonnés du bocal que moi pourrait vite me rendre chèvre.
Où les vieilles biques et les jeunes hyènes se côtoient, il n’y a pas de place pour moi. Contrairement à bien d’autres, je n’ai jamais imaginé prétendre à la vie d’un pa-chat mais vivre dans un poulailler où ça cocote le fauve d’en face, j’ai donné.
Et je réalise que, outre ma chouette ouïe fine et mon flair de guêpe enfin redevenus simplement humains, ce zoo où chacun partage sa vie à tout moment avec un minimum de 5 spécimens inconnus à la ménagerie et à la ménagère, ce n’est pas "chez-moi". C’est juste un espace que je loue dans un clapier. Il va falloir que les choses changent et que je trouve mon tout premier vrai terrier. Parce que je n’ai plus une plume à sacrifier dans la volière des obligations et des devoirs, du foin et des piaillements des autres. Même si ce n’est pas à Londres… pour l’instant. Prendre une dernière fois les paris dans la capitale ou miser sur un autre cheval mais fuir tout ce cirque n’est pas négociable.