La publication du dernier classement des patrons les mieux payés de France, publié par Challenges, a de quoi déclencher une crise... de rire. Parce qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer, hein ?
La rémunération moyenne des patrons du CAC 40 a baissé de 6,3 %. Elle n'est plus qu'à 3,968 millions d'euros en 2012 contre 4,2 millions en 2011.
J'ai failli avoir un malaise vagal !
Mais, rassurez-vous, cette baisse est essentiellement due au patron de Publicis qui a renoncé à son salaire fixe en 2012 pour toucher un petit bonus de 16 millions d'euros. [1]
Sinon, pas de changement !
« Comme en 2011, treize dirigeants en 2012 dépassent néanmoins la rémunération considérée par Proxinvest comme maximum socialement acceptable de 240 SMIC, soit actuellement 4,7 millions d'euros. »
Parait que depuis mai-juin 2012, la France est gouvernée par des socialo-écologistes... Y Parait !
Rappelez-vous que durant la présidentielle, "Moi président" [2] avait promis de limiter la rémunération des patrons des entreprises publiques :
« J'imposerai aux dirigeants des entreprises un écart maximal de rémunérations de 1 à 20. »
Mais, cette promesse de campagne électorale n'avait qu'un seul objectif : enfumer les citoyen-ne-s pour qu'ils renoncent à voter pour le candidat du Front de gauche qui s'engageait à plafonner les rémunérations de TOUS les patrons. [3].
La promesse batave ne verra jamais le jour puisque le ministre de l'économie et des finances, le sinistre strauss-khanien Moscovici, l'a remplacée par « l'autorégulation exigeante ».
L’AUTORÉGULATION EXIGEANTE est un élément de langage pour enfumer les citoyen-ne-s.
Il s'agit d'une expression de la novlangue néolibérale pour dire, mais sans le dire avec franchise, que la puissance publique n'agira pas pour limiter les revenus des patrons. D'ailleurs, en bon politicien retors, Moscovici s'est bien gardé de déclarer quel devrait être le niveau moyen de rémunération des grands patrons : s'agit-il du rapport de 1 à 20 du Front de gauche et de la Confédération européenne des syndicats, ou le « maximum socialement acceptable » de 240 SMIC du cabinet de conseil et d'analyse financière française Proxinvest ?
En choisissant de rester les bras ballants, la majorité PS-EELV montre, une fois encore, qu'elle se satisfait des inégalités sociales et salariales : les patrons se gavent, les salariés se serrent la ceinture et ont peur de perdre leur emploi.
Dans ce contexte de laisser-aller et de laisser-faire néo-libéral, les grands patrons touchent toujours des salaires de nababs, à l'instar de Carlos Gohn, le patron de Renault, entreprise publique dont l’État est actionnaire (désolé pour le pléonasme !), qui a gagné près de 13,4 millions d'euros en 2012 ! Pour information, le Smic mensuel brut en euros pour 151,67h de travail est de 1 430,22 euros...
Et, pendant ce temps là, les quelques 54.000 salariés de Renault en France ont subi en moyenne une baisse de 4 % de leur salaire horaire [4] par l'effet combiné du gel des salaires et de l'augmentation du temps de travail.
Une baisse des salaires qui était impossible avant l'ANI [5], cette mesure de flexibilité prise au nom de la compétitivité des entreprises : MERCI PRÉSIDENT !
Je crois qu'une telle politique de classe ne restera pas impunie dans ce pays en souffrance qui compte entre 4,9 et 8,7 millions de pauvres, 2 millions de travailleurs pauvres avec moins de 656 euros par mois, 3,6 millions de mal-logés et 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire... [6]
Elle a une sacrée gueule l'autorégulation et la compétitivité !
Notes
[1] Intouchable9srésident-directeur général
[2] Moscovici ne veut pas légiférer sur le salaire des patrons... pour le moment
[3] Taxer les riches avec le revenu maximum et le salaire maximum
[4] Renault a pu réduire de 4 % le coût du travail
[5] Non à l'ANI de TINA