Magic Malik (Malik Mezzadri) est un flûtiste de jazz français né en 1969 à Abidjan en Côte d'Ivoire qui a grandi à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.
C'est à l'école qu'il commence la flûte à bec. Mais à l'inverse de centaines de milliers d'écoliers qui abandonnent l'instrument très vite Malik se prend littéralement de passion pour cet objet qui le réconcilie avec les apprentissages.
A 6 ans il bascule vers la flûte traversière. À 13 ans çà commence à poindre sérieusement il apprend la flûte avec Marc Rovelas qui lui fait découvrir Bach, Xenakis, Ravel et même Stockhausen.
À 17 ans, il quitte la Guadeloupe pour Marseille et sortira du conservatoire de Marseille avec le premier prix de flûte. Il aurait pu être un excellent musicien classique mais il aime tant la pop (Stevie Wonder, Michael Jackson) qu'il se serait senti enfermé dans un orchestre. En s'inscrivant dans le respect de la tradition orale, la liberté que lui offre le jazz correspond merveilleusement à son tempérament créatif et à sa culture afro-caribéenne.
Des rencontres décisives font le reste. Ce sont par exemple Steve Coleman, le saxophoniste américain ou encore Orlando Cachaito Lopez, le contrebassiste du Buesta Vista social Club. D'autres noms ont compté comme Miles Davis ou Rostropovitch.
C'est un grand flûtiste français. Il est de ces musiciens en perpétuelle recherche de nouvelles expériences musicales et on le retrouve dans de multiples collaborations (la dernière en date avec Claire Diterzi).
L'originalité de Magic Malik, outre une technique peu commune, est son jeu exubérant et l'utilisation de nombreux cris et chantonnements dans sa flûte, qu'on désigne sous le nom de growl, une technique du soufflé-chanté (en contractant les muscles de la gorge en même temps que l'on souffle dans son instrument). À ce titre, il peut être considéré comme un héritier indirect de Roland Kirk, le premier capable de chanter en jouant de la flute grâce à une technique de respiration utilisant simultanément le nez et la bouche.
Il adore la composition et s'en est donné à coeur joie en jonglant entre les genres pour son dernier album, Tranz Denied, qualifié d'ovni musical dans le microcosme parce qu'il a été conçu entièrement en studio en 4 jours en toute spontanéité, avec la production de Bee Jazz, un label français indépendant créé en 2003, et spécialisé dans l'édition de disques de Jazz.
Malik avait probablement une idée de ce qu'il allait faire mais il affirme être allé en studio sans avoir rien écrit avant. Il voulait fonctionner comme certains chorégraphes, sur l'énergie de l'improvisation et tout a été joué en live. Bien entendu, en musique comme dans la danse ou le théâtre il faut beaucoup de compétence (et un énorme travail en amont) pour pouvoir "improviser".
Le projet est né au festival Musique de Jazz & d’Ailleurs en 2011 pendant lequel Magic Malik, Gilbert Nouno, DJ Oil et le batteur Hubert Motteau ont collaboré sur scène. Leur entente a permis l'accouchement de Tranz Denied en un temps record.
Dans le premier morceau, Montreuil Market, on n'entend pas particulièrement la flute. Et le second, Dark Stone démarre sur l'enregistrement d'une scène de rue pour se prolonger par un travail de voix. C'est Malik qui chante et on a très vite envie de l'accompagner. Plus loin on percevra des tonalités indiennes alors que ce sera le Japon qui inspirera la piste 5.
Il ne craint pas d'écrire de longs morceaux et de surprendre ses auditeurs en semblant avoir du mal à les terminer. Dark Stone semble s'arrêter à 9 minutes 35 alors qu'il ne cessera que 3 minutes plus tard.
Malik a fait beaucoup sur cet album, la flute bien sûr mais aussi le clavier, les voix, certaines basses sans pour autant revendiquer une position de poly-instrumentiste. Il se présente comme flutiste et le restera. Il a alterné les morceaux de musique pure et les titres chantés, ne craignant pas de s'engager dans un gros travail de direction artistique.
E-Z Com comporte une partie chantée Sois pas timide my baby ... (elle aussi improvisée le jour J) qui annonce de belles envolées à la flute, comme si, jusque là, le compositeur n'avait pas encore "osé" se lancer.
Zivanoul donne carrément envie de danser. Comme des derviches qui tourneraient vitesse grand V.
Shibuya Memories est le nom d'un quartier de Tokyo. C'est un morceau plus court (3 minutes 25) totalement surprenant. On croit entendre du japonais alors que c'est, comme on dit dans le jargon, ... du yaourt ... qui a été imaginé au moment de l'enregistrer. Cette impro est très entrainante, révélant une joie de vivre et un dynamisme qui s'accorde avec la couleur jaune safran de la couverture de cet album. Ce sera le titre plébiscité de l'album.
Dans North certains percevront une évocation de Morton Feldman, connu pour ses compositions très longues, marquées d'imperceptibles superpositions sonores. Sa musique n'est pas du tout construite sur le principe de liaison causale d'un élément à l'autre, et elle ne s'attache pas à la construction formelle.
Chunky Delice est le morceau le plus long (12.03). c'est une évocation à la musique sérielle. Il clôture avec fraicheur cette oeuvre envoûtante, parfois hallucinante qui navigue entre musique contemporaine, électro, pop et jazz.
Magic Malik et ses trois complices présentent l'album en concert :Après Brive la Gaillarde, Gennevilliers, Guyancourt et la scène parisienne de La Maroquinerie Magic Malik sera le 9 novembre à Montpellier (34) sur Victoire 2, à Eurallille (59) à L’Aéronef et à Rennes (35) pour Jazz à l’étage.