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Chronique d’un été, par Alain Gagnon…

Publié le 06 novembre 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

À l’orée de la clairière, une boule de plumes jaune vif virevolte, s’éclate et rebondit dans le feuillage Chronique d’un été, par Alain Gagnon…vert tendre de juin.

— Regardez le moineau en couleurs ! crie l’enfant à sa mère et à son père.

D’autres promeneurs s’arrêtent, juste en haut de la pente que doivent grimper les marcheurs avant d’arpenter ce sanctuaire de la faune et de la flore, le parc urbain de Rivière du Moulin, traversé en fait par la rivière Langevin.

– Pe-ti-te-tiou, pe-ti-te-tiou… imite le garçonnet en claquant des mains.

Son père sort des jumelles et un livre de son sac.

Évidemment, il ne s’agit pas d’un moineau coloré, mais d’un chardonneret jaune, compagnon clownesque au bec conique de nos étés et, en moins grand nombre, de nos hivers.  Des congénères l’ont rejoint.  De leur vol ondulé, ils bariolent l’espace d’étincelles solaires au-dessus des aulnes rugueux et des merisiers sauvages.  En août, ces soleils miniatures, striés de noir, raffolent tellement des graines laineuses du cirse ou chardon qu’on les a baptisés d’après cette plante.

Ce parc est un véritable îlot de verdure, à quelques minutes du centre-ville.  Il est une bénédiction pour tous les fervents des oiseaux, des mammifères, des batraciens, des insectes, des arbres, des fleurs éclatantes ou modestes… et un paradis pour toutes ces familles qui ne peuvent pas toujours trop s’éloigner de leur domicile.  Sur quelques kilomètres carrés, on y retrouve des habitats diversifiés et, en bonne partie, vierges : tourbières, mares, rivière au flot lent entre chutes et rapides, plateaux rocheux qu’ornent des pins magnifiques.  Un endroit à proximité où, tout comme ce gamin qui venait de découvrir les chardonnerets, refaire le plein de nature et de beauté ; un endroit où s’émerveiller encore au milieu du tohu-bohu de l’existence.

Et ce parc n’est pas unique : chaque village, chaque municipalité possède de tels lieux à portée de piéton.  Suffit de bien chercher.  Compensations que la nature nous offre pour la rigueur de nos hivers.

 L’AUTEUR…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre

Chronique d’un été, par Alain Gagnon…
du Saguenay–Lac-Saint-Jeanpour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https://maykan2.wordpress.com/)


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