Quand j'étais petit, je suis tombé dans la mode, pardon dans la marmite.
Pas en fréquentant mes soeurs que je n'ai pas eu, ni mes cousines bien trop jeunes, mais en regardant les dessins qui couvraient les murs de ma maison, en observant ma famille qui dessinait, et puis doucement en ressentant les premiers effets secondaires de ma vie, je suis devenu un contemplatif. Sage, discret voire taggué du mot "timide", je suis resté là à regader les auters courir, les autres se parler, les autres s'embrasser.
Shorts, jupes et pantalons de la cour d'école, puis du collège, et puis soudain le lycée, un endroit plein de garçons, avec seulement quelques filles, question de filières, question de choix, mais aucunement un handicap, car finalement j'étais assis à côté de la seule de notre classe. Heureux et devenant esthète, malgré moi, magré mes premiers émois, j'ai croisé des regards, des lèvres même. Assis sur un banc, ou en pleine course de fond, je suis parti dans le tourbillon du sport à toutes jambes, avec leurs jambes devant moi.
Et puis voilà, je suis devenu un amateur de beauté, d'esthétisme mais jamais je ne suis rentré dans ce processus sélectif des médias, du cinéma ou de la presse féminine, j'ai aimé tous les corps. les scuptures, en caressant des yeux puis des mains les immenses formes des statues de Botero, comprenant ainsi que féminité rime avec sensualité, en mode XS ou XL.
Chaque année, chaque déménagement fût un renouveau pour aiguiser ce sens ancré en moi, pour non pas modéliser la vie des femmes, mais pour modeler mes goûts et toujours comme un collectionneur sans quête d'oeuvre, les voir, les revoir, les apercevoir, vous voir. Aucunement maladif, simplement décalé. Quand ? lorsque certains de mes amis voyaient des culs et des seins, je voyais de le sensualité sur les hanches, de la volupté avec les poitrines.
Sagement j'ai affiné mon approche visuel, j'ai dessiné moi aussi, exposé aussi. Donnant le retour aux autres, aux hommes et aux femmes, partageant avec eux ma vision respectueuse de mon paysage avec vous. Les femmes, j'en ai aimé, j'en ai peu charmé, je suis resté discret, j'en ai aperçu beaucoup, de très rares fois, je leur ai dit en quelques mots, la beauté qu'elles dégageaient. Quelques sourires restent leurs meilleures réponses.
Et un jour, j'ai compris que la mode était un langage, un moyen de communication délicat à l'usage de tous, avec plusieurs lectures, comme dans un livre. Esthétisme est-il la vision philosophique de votre code vestimentaire au quotidien, je ne sais toujours pas. Alors chaque jour, je suis surpris, interloqué, grisé, fatigué ou étonné, de vos choix, de vos motifs, de vos fantaisies.
Imprimés ou unis, colorés ou noir, vos tenues varient, mon oeil sourit. Car finalement les rencontres durent deux secondes entre deux portes de métro, deux heures en réunion, deux minutes dans la queue pour ce sandwich du midi, mais avec votre sac à main, vos talons, votre coiffure, votre manteau, votre robe ou vos pantalons, vous donnez vie à la mode.
Et à chaque instant, je peux grapiller quelques souvenirs, quelques attitudes, parfois de très élégantes allures, comme un émoi, un cin d'oeil intérieur, rien de plus.
Merci pour toutes vos féminités.
Nylonement