Fanfulla (Ré-édition) Hugo Pratt

Publié le 06 novembre 2013 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

“Rue de sèvres” s’attaque au patrimoine BD et dépoussière “Fanfulla” de Mino Millani et Hugo Pratt…

Scénario de Milo Milani, dessin de Hugo Pratt, Public conseillé : Adultes et adolescents

Style : aventure Paru chez Rue de Sèvres, le 1er novembre 2013


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L’histoire

6 Mai de l’an de grâce 1527: les mercenaires de Georg von Frundsberg, qu’on surnomme Les Lansquenets assiègent Rome. Pendant le pillage qui suit, Fanfulla, un guerrier géant et borgne, s’oppose à des hommes d’arme peu scrupuleux. Braillard, fort en gueule, mais aussi protecteur des faibles et des femmes, il se fait un ami allemand « Morizio », avant d’être amoché dans une bagarre d’ivrogne.
Deux ans plus tard, les Lansquenets sont aux portes de Florence. Nous retrouvons Fanfulla et Morizio, en bure de moines. Devant l’appel de la guerre, les deux compères demandent d’être libérés pour servir les défenseurs de la ville.

Le contexte

Après avoir fait une entrée remarquée avec la parution du roman graphique de Zep (« Une histoire d’hommes« ), le « petit nouvel éditeur BD » « Rue de Sèvres » s’attaque à la ré-édition du patrimoine. Au programme, rien de moins que le maître Hugo Pratt, l’auteur des sublissimes « Corto Maltese ». à défaut des œuvres majeures elles sont constamment éditées par Casterman), c’est « Fanfulla » (que Pratt réalisa pour la revue « Corriere dei Piccoli » de 1967 à 1968) que « Rue de Sèvres » a choisi. Sorti en France en 1981, puis en 1987, par les Humanoides Associés, dans un tout petit tirage, cette compilation de petites histoires regroupés en un album, reste une création graphique 100% Pratt.
Pour offrir un maximum de confort de lecture aux nouveaux lecteurs, « Rue de Sèvres » a opté pour un album d’assez grand format, « à l’italienne » (à l’horizontal), avec 2 « strips » par pages. Cette belle maquette permet de redécouvrir cette « pépite graphique » dans de bonnes conditions.

Ce que j’en pense

Si l’objet est beau et l’idée réjouissante sur le papier, « Fanfulla » n’est pas le chef-d’oeuvre de Pratt. Le scénariste Mino Millani avait visiblement imaginé un récit pour la jeunesse de l’époque.
Les aventures picaresques du géant Fanfulla manquent de dramaturgie et de fonds. Traités sur un ton enjoué et plutôt amusant, les coups de forces et aventures imaginées par Milani ne servent qu’à brosser le portrait du super guerrier « Fanfulla ». Grand, fort, brave, soiffard, jouisseur, défenseur de la veuve et de l’orphelin, Fanfulla a tout du héraut chevaleresque, version populaire et désargenté : un personnage « Haut en couleur », mais qui ne suffit pas à palier le manque d’histoire.
Pour moi, l’intérêt de l’album n’est pas le récit. Comme « Rue de Sevre » l’a parfaitement compris, c’est une occasion de redécouvrir l’immense talent de Pratt. Et là-dessus, c’est une réussite complète.
Conquis par le dessin, je suis tombé sous le charme. Le trait fin et nerveux de Pratt, auquel il ajoute hachures et grosses masses noires, fait mouche. Entre épure et figuration, il invente un style en mouvement permanent. Précurseur d’un dessin alternatif, qui laisse autant la place à la représentation qu’aux émotions, on peut facilement imaginer qu’il fut incompris à son époque.
Avec Fanfulla, Pratt a un personnage en Or. Sous son trait dynamique et puissant, “Fanfulla” devient une icône puissante, impressionnante et fascinante.
Enfin, la mise en couleur, loin d’être indispensable, répond au besoin du plus grand nombre des lecteurs. Franchement, c’est un peu dommage au vu de la qualité de l’encrage du maître Pratt. Cependant, les légères aquarelles ne sont ni trop envahissantes, ni perturbantes. C’est déjà ça !


Pour résumer


“Rue de sèvres” s’attaque au patrimoine BD et dépoussière “Fanfulla” de Mino Millani et Hugo Pratt avec un bel objet pour un album tombé dans l’oubli.
Si l’histoire ne m’a pas captivé, il reste la maestria de Pratt et la chance de re-découvrir, dans les meilleures conditions, son encrage incroyable.