Je vais commencer mon réquisitoire contre cette idée que je trouve farfelue, par une boutade à peine osée…
Y a t-il un " esprit " mai 2007 ? Je rétorque avec la plus grande candeur, certes, il y a eu un mois de mai en 2007 mais de là à lui associer un " esprit " ?!
C’est tout de même accorder beaucoup d’importance à un événement politique, sans doute important, mais dont la portée ne sera probablement pas historiquement essentielle, loin s’en faut !
Selon moi, le terme " esprit ", suppose un projet de longue haleine, destiné à changer le destin d’un pays, il signifie la catalyse de toutes les énergies pour des réformes destinées à améliorer le sort de toute sa population ou du moins d’une très large majorité, il implique les réformes des inégalités économiques, sociétales et sociales qui bloquent la nation ! Et tout ceci dans un sens d'amélioration, cela va de soi !
Dîtes moi ? Appellerait on "réformes" des mesures qui nous feraient retourner à la vie du Moyen Âge ? Tout ceci est complètement absurde, surfait, grossier et ridicule ! Userait on du terme "garderie" pour qualifier la condition des individus purgeant une lourde peine en prison ou de "forces de paix" l'armée chargée envahir un pays ennemi et d'exterminer tous ses sujets ?
Allons donc !
S'il vous plait, appelons un chat, un chat ! Chaque mot a un sens et il serait tout de même de bon ton, de le respecter, ne serait ce que pour conserver les valeurs intellectuelles et émotionnelles qu'il transporte...
Après cette digression salutaire, revenons en à nos moutons...
Or, disais je, peut on évoquer "un esprit" lorsqu'il est question d'appliquer un catalogue fourre-tout universel de "contre réformes" inspirées des théologies dogmatiques et idéologiques, d'économie libérale des pays anglo-saxons, qui sont en train de démontrer dans le monde entier leurs dramatiques limites et incuries ! Je ne vois toujours pas où se niche " l’esprit ", mes bons amis ? Le Chef de l’État s’est contenté, sans l’once d’une pépite d’originalité due à l’exception française, de monter dans le train du libéralisme financier mondialisé pendant qu'opposants comme partisans crient, au diable pour les uns, au génie pour les autres !
Je m’adresse à chacun d’entre vous : où voyez vous un milligramme " d’esprit " là dedans ? Si vous en observez une trace, je rentre demain au cloître !
Passons.
Le problème de la majorité des gens de gauche, à mon humble avis, est de se focaliser sur un type, qui détient probablement beaucoup moins de pouvoir qu’on imagine, un médiocre suiviste économique et sociétal, secondé par des affairistes et des carriéristes sans aucun génie. Un homme qui rêvait d’avoir la plus longue parce qu’il avait une des plus courtes et qui a réussi à faire croire au plus grand nombre qu'il détenait le record de longueur !
Surestimer le président de la République est une faute, s’y référer sans cesse est une erreur majeure, gratifier son action " d’esprit " est une absurdité.
Qu’on fasse référence à l’esprit de mai 1958 est naturel, qu’on rappelle l’esprit de mai 1968 est cohérent, qu’on suggère l’esprit de mai 1981 est discutable, cet esprit n’ayant soufflé que peu de temps, mais que notre ami Off, dont j’admire la redoutable dialectique, défende cette idée avec acharnement montre à l’envi combien M. Nicolas Sarkozy a pu infecter l’esprit des plus rebelles et des plus valeureux…
Enfin, je terminerai par une note d’humour, sans doute vaseuse. S’il persiste tout de même un "esprit," malgré ce brillant réquisitoire, concernant ce mois de mai 2007, il s'agit assurémment d’un mauvais esprit voire d’un esprit de selle ( dans le sens qu‘entendrait un gastro entérologue)...Sur ce, je vous quitte sur la pointe des pattes, la bouche en cul de poule, la crête en berne et la honte chevillée au corps... Amis de cui cui, bonne nuit !
Cui cui , l'oiseau qu'il vaut mieux garder dans une cage recouverte d'un drap...