C'est une étape plus facile, plus courte, seulement 36 kms, et effectuée sous une météo plus clémente qui m'a amené à Martigny. Presque du repos donc, et j'en ai besoin!
Cela dit, mon départ de la ville d'Aigle est un peu mouvementé: je ne trouve pas la rue indiquée par mon guide Cicerone et les panneaux Via Francigena me font tourner en bourique, me faisant faire un petit tour du quartier historique mais sans m'emmener vers la direction à prendre. Je demande mon chemin à un monsieur qui m'indique la direction générale mais cela m entraîne jusqu'à un noeud routier pas bien evident à franchir à pied. Je vois où il faut aller mais comment. ..
Sur ces entrefaites un automobiliste me fait signe: il est en panne sèche et me demande de l'aider à pousser sa voiture sur le bas côté. Nous nous y reprenons à trois fois mais sa belle auto est trop lourde. Heureusement , un autre conducteur s'arrête et à trois nous y arrivons. Notre élégant monsieur n'a plus qu'à aller chercher un bidon dans la station proche.
L'autre conducteur, à qui j'expose ma perplexité, se propose de me déposer sur les bords du Rhône, que je cherche. Vu le temps perdu à m'égarer dans cette sortie de ville, je ne refuse pas. Mon aide du jour habite Villeneuve, au bout du lac où je suis passé hier. Pour lui, le col devrait passer à pied sans problème. Je verrai bien mais j'espère que ça sera le cas.
Il me dépose donc gentiment un peu plus loin la où je voulais aller: au début du sentier longeant le Rhône canalisé ici.
L'endroit est très calme et évite presque bien l'aspect très industriel de la vallée. Je croise quelques promeneurs. Mes pensées coulent lentement, comme les eaux du Rhône ici, et s'accélèrent parfois, à l'approche d'une idée ou d'un affluent.
Mais je pense aussi qu'il y a pile un an je faisais mes premiers pas en montagne après mon accident népalais. C'était en France, en Savoie, j'avais les cheveux encore ras et ma barbe était rasee. Un joli sourire m'accompagnait. Comme dans la chanson, je suis très loin de ce matin d'automne. Comme dans une autre chanson, en souvenir de ce sourire qui est vite retourné vers d'autres préoccupations, "sur les bords du Rhône, c'est pour ton fantôme, que je laisse traîner ma main. ..". Mais aujourd'hui, barbe fleurie et cheveux au vent, je suis heureux de marcher, en pleine santé et avec ce joli chemin encore devant moi.
Un chemin qui me conduit vite vers Saint Maurice où je m'accorde une petite pause repas du même accabit que celui d'hier.
Mon parcours de l'après midi sera assez court, il ne me reste que 17 kilomètres. Des kilomètres qui évitent encore assez bien la route et ses nuisances, passant à côté de fermes et de chapelle. Je fais quelques rencontres: un petit lapin bien peu peureux qui me regarde en remuant le museau, des ânes, un peu plus loin un groupe de lamas dont je soupçonne l'un d'eux de se prenommer Serge, c'est à la mode chez eux en ce moment. ..
Et j'arrive assez tôt à Martigny. Un chocolat chaud pour me réchauffer, car il ne fait plus très chaud et je cherche un moment un hôtel pour atterrir à l'hôtel du Stand, qui c'est à noter offre des tarifs avantageux pour un hôtel en Suisse! Et surtout, c'est le plus important pour moi, un lit pour me reposer avant de repartir demain!