Fagor-Brandt : énième victime de l’euro cher et de l’anarchie commerciale
Après PSA, Arcelor-Mittal, Goodyear, Continental, Alcatel, Gad, avec Fagor-Brandt, la chronique des plans de licenciement se poursuit, faisant d’Arnaud Montebourg le ministre de l’effondrement productif. Il n’y a rien à attendre d’un gouvernement qui ne remet pas en cause les causes réelles de ces catastrophes.
Les vraies raisons de cette crise Il est assez intéressant de constater que finalement, la plupart des reportages sur le sujet n’évoquent pas le rôle de la concurrence internationale dans les difficultés de Fagor-Brandt. Il est même difficile de trouver des statistiques sur le sujet, la Gifam, association des industriels du secteur, ne donnant pas les parts de marché par marques qui permettraient de mesurer la progression des industriels asiatiques. Mais, avec un marché stable et un chiffre d’affaires en baisse, il est évident que les problèmes de l’entreprise viennent d’une perte de parts de marché. Or le coréen Samsung veut devenir N°1 du secteur en 2015 et le chinois Haier ne cesse de gagner des parts de marché dans le monde. Or ces deux concurrents, qui affichent des ambitions colossales, bénéficient d’une monnaie moins chère et de coûts de production beaucoup plus faibles, en Asie ou en Europe de l’Est, que Fagor-Brandt en France ou en Espagne. La compétition est d’autant plus déloyale que les pays asiatiques ont l’habitude de protéger leur marché intérieur, autorisant leurs industriels à réaliser de confortables profits qui leur permettent de subventionner leur arrivée sur les marchés étrangers et se faire une place au soleil en éliminant une partie des concurrents locaux, comme cela s’est fait dans l’automobile. L’oubli du protectionnismeBien évidemment, dans sa stratégie d’occupation de l’espace médiatique, Arnaud Montebourg a reçu les syndicats hier avant le comité central d’entreprise prévu demain. Mais il est bien évident qu’aujourd’hui, la compétition est déloyale à partir du moment où le groupe produit en France, pays où le SMIC est 4 à 10 fois plus élevé que dans l’Europe de l’Est et qu’il n’y a pas ou peu de droits de douane. Comment résister aux importations venues de pays à bas coût ? Bien sûr, il y a le haut de gamme, mais c’est une stratégie de long terme et nous ne sommes pas les seuls sur le créneau…
Il y aurait pourtant une solution toute simple : mettre des droits de douane sur les importations de produits électroménagers, qui compenseraient les écarts de coûts salariaux et sociaux. On pourrait même envisager des mécanismes solidaires. De la sorte, la production française ne serait pas condamnée dans le secteur et les 1870 emplois aujourd’hui menacés seraient sans doute sauvés, dans la durée. Mieux, cela imposerait aux concurrents de Fagor-Brandt d’investir dans notre pays et donc d’y créer des emplois. Mais, cette idée est rejetée par les partis au pouvoir et les centristes. Etant donnés nos coûts salariaux et sans mesures protectionnistes, il est illusoire de penser maintenir une forte activité productive en France, à part dans des domaines à forte marge, ou ceux où nous sommes en position de force. Dès lors, les cas comme ceux de Fagor-Brandt vont continuer à se multiplier.