Le 5 novembre n’évoque pas grand chose en France, mais c’est une date historique ici. Le 5 novembre 1605, Guy Fawkes est arrêté, alors qu’il s’apprête à faire exploser le parlement, Westminster donc. Le roi James Ier devant se rendre à la chambre des lords, il s’agissait d’une tentative de régicide. Guy Fawkes faisait partie d’un groupe de comploteurs catholiques qui voulaient ainsi se débarrasser de leur monarque anglican et le remplacer par un catholique. L’événement est connu sous le nom de gunpower plot.
Pour célébrer cette fin heureuse (le fait que le roi s’en soit sorti sans une égratignure, pas le supplice de ce malheureux Guy, qui lui, n’a pas eu de fin heureuse), la population en liesse a eu l’idée d’allumer non plus un bûcher mais des feux de joies et de tirer des feux d’artifices. Des effigies de Guy sont jetées au feu, c’est la fête! Et la tradition se perpétue, tous les 5 novembre, à la nuit tombée, le ciel anglais se couvre d’étincelle. C’est quand même controversé, les catholiques appréciant moyennement. D’ailleurs, la version apprise au collège catho des deux grands diffère un tantinet de la version officielle et penche pour une sombre machination anti catholique, orchestrée en fait par le roi James lui même. Mais bon, si vous décidez, faisant fi de toute considération politico-religieuses, de profiter des festivités, vous allez rapidement regretter que l’attentat loupé n’est pas eu lieu à une autre date. Au hasard, le 12 juillet, ou le 23 août, peu importe, mais en été. Car un feu d’article se tire plutôt dehors, le soir. Un 5 novembre donc. Si il ne pleut pas, c’est qu’il gèle. Notre borough council, toujours à la pointe de l’innovation, a l’idée géniale d’organiser les festivités, non dès qu’il fait sombre, soit vers 5 heures de l’après midi, mais à 10 heures du soir. Pourquoi ? Sérieusement, on se gèle! Alors qu’on se remet à peine du rhume attrapé le 31 en faisant trick or treat. Vos enfants sont surexcités ( pour tromper leur attente, ils ont décidé de finir les bonbons d’Hallowe’en), ils sont d’habitude coucher à l’heure où vous les entassez péniblement dans la voiture, direction le centre ville. La moitié de la population est déjà la, il faut trouver une place. Vous vous retrouvez coincés entre le bus de la fanfare et le stand de hot dog…et hop, les enfants ont soudain faim, hot dogs pour tous, avec traînée de ketchup directement sur les blousons et moutarde fraîche sur les gants.
Notre charmante petite ville s’enorgueillit d’un parc magnifique, avec ruines romaines, château fort normand, lac….c’est grand et magnifique, surtout de jour. C’est tellement grand qu’il y a un lower Park et un upper Park. Le dénivelé entre les deux offre une tribune toute prête pour s’installer devant le feu d’artifice. Un talus herbeux donc, et boueux, en pleine nuit. Avec des enfants de plus en plus impatients et gluants, à cause des hot dogs. Un vrai bonheur. Vous devez choisir: s’installer en haut, et passer la soirée à glisser inexorablement sur la pente, entraînant enfants, doudounes, bonnets et écharpes dans votre sillage, ou en bas, et servir de cale pour tout les gens entassés au dessus. Et si il pleut, non seulement l’attente est plus longue ( vous avez déjà essayé d’allumer des pétards mouillés?) mais si vous avez la chance, comme moi, d’afficher une afro géante à la moindre trace d’humidité, vous allez vous retrouver avec la baleine du parapluie de votre voisine irrémédiablement coincée dans les cheveux. Pendant une bonne demi heure, vous vous extasiez sur les étincelles de couleurs dans le ciel, et en rattrapant au fur et à mesure les enfants, qui glissent sur le talus. En réconfortant la plus jeune, qui a un peu peur, en cherchant, toujours dans le noir, le mouchoir du pré ado, et en distribuant des gants de rechange, car impossible de retrouver les originaux dans la foule, et en vous excusant platement auprès du monsieur à l’air revêche, qui a pris le hot dog de votre fille sur les genoux ( elle l’a lâché en s’exclamant devant une fusée rose). A peine remis de vos émotions artistiques et pétaradantes, vous repartez, façon trekking vers la voiture. Il faut porter les filles qui se sont endormies, les autres suivent derrière: ils ne peuvent pas vous perdre, malgré l’obscurité, vous êtes facilement reconnaissable au parapluie brisé toujours coincé au dessus de votre oreille gauche. Votre voisine ayant renoncer à l’arracher, vous en a fait don…et dire que cette année, il faudra aussi porter le bébé!
Les anglais aimant prolonger le plaisir, beaucoup vont continuer à tirer des fusées toute la nuit dans leur jardin. Ce qui terrifie la chatte, et donc, quand vous parvenez enfin à rentrer chez vous, vous allez découvrir une flaque au beau milieu du salon, la chatte tapie à côté. Happy bonfire night!