Découvrez les principales oeuvres de la Triennale dans cette vidéo du CIDAV
Du premier septembre à fin octobre 2010, le Musée d’art moderne de Santo Domingo en République Dominicaine, dirigé par Maria Elena Ditren secondée par Mariane de Tolentino, directrice de la Galerie Nationale des Beaux- Arts et Amable Lopez Melandez, curator en chef du Musée d’art moderne, présentait la première triennale internationale de la Caraïbe (TRIC) que vous pouvez découvrir dans cette vidéo du CIDAV.
Cent vingt- sept (127) œuvres furent alors déployées sur les quatre étages du Musée d’art moderne. Six ( 6 ) d’entre elles furent primées et acquises par le Musée.
Miguelena Rivera
Une des ouvres primées
Parmi elles, … de alas iguales de Charles Juhasz-Alvadaro de Porto Rico, En tu piel de Miguelena Rivera de République Dominicaine, Mega bite Candy d’Alida Martinez d’Aruba selon le choix du jury ainsi composé : Orlando Britto Jinorio, Carol Damian, Michèle Dalmace, Yakouba Konate, Myrna Guerrero.
Ces œuvres avaient été sélectionnées par cinq commissaires : José Manuel Noceda pour l’Amérique centrale, Jennifer Smit pour les îles néerlandaises, Dominique Brebion pour la Caraïbe francophone, Jorge Guterriez pour la grande Caraïbe et Miami, Danilos dos Santos pour la Caraïbe hispanophone, Marianne de Tolentino pour la Caraïbe anglophone.
Ce nouvel essor, en septembre 2010, de la Triennale internationale de la Caraïbe au Musée d’Art Moderne de République Dominicaine, près de vingt ans après la première Bienal de Pintura del Caribe y Centroamérica créée en 1992 et suivie de cinq éditions en 1994, 1996, 1998, 2001, 2003 aux côtés de biennales plus anciennes comme la Biennale del Grabado Latinoamericano en San Juan de Puerto Rico et la Biennale de La Habana à Cuba, nées respectivement en 1970 et 1984, semblait la preuve d’une mobilisation renouvelée de la Caraïbe.
Miguelena Rivera
détail
En effet, au cours de la dernière décennie du XX siècle, dans les années quatre – vingt – dix, la Caraïbe avait su créer sa propre synergie à travers de nombreux projets de festivals ou d’expositions comme Carib Art, Carivista, Indigo qui avaient participé en leur temps aux côtés de biennales plus structurées à une meilleure visibilité des artistes de la Caraïbe au sein de l’archipel et avaient enclenché des échanges artistiques fructueux, comme le soulignait Yolanda Wood Pujol , historienne d’art et directrice du Département Centro de estudios del Caribe, de la Casa de las Americas dans son intervention lors du séminaire sur l’art contemporain de la Caraïbe organisé par l’Aica Caraïbe du sud à la Fondation Clément en novembre 2008.
Ces espaces de rencontres et d’échanges offrent une rupture ponctuelle mais nécessaire de l’isolement insulaire et relancent efficacement la dynamique caraïbe. Elles se concentrent généralement dans les îles plus vastes et plus peuplées de la Caraïbe, dont la structuration culturelle est la plus avancée, Cuba, République Dominicaine, Jamaïque, Porto Rico où sont concentrés les plus anciens musées, écoles d’art, évènements internationaux.
Or la seconde triennale de la Caraïbe n’est pas programmée en 2013 comme prévu. Il est question de 2014, et cela reste un espoir partagé par tous les artistes et les acteurs culturels de la Caraïbe.
Hall du musée d’art moderne
La biennale de La Havane, créée en 1984 a connu sa onzième édition en mai 2012. Elle a généralement lieu, ce qui est troublant pour une biennale, tous les trois ans. La douzième édition est aujourd’hui reportée à novembre 2015.
D’abord limitée aux artistes de la Caraïbe et de l’Amérique Latine, comme un contrepoids aux biennales du Centre, la Biennale de La Havane s’est positionnée dès le début comme une Biennale du Sud ou du Tiers Monde même si elle s’est depuis élargie au monde entier. Elle ne pratique pas une monstration par aires géographiques ou représentations nationales. Il est intéressant de souligner que la biennale de La Havane ne fait appel à aucun commissaire invité, ce qui marque une véritable différence avec les autres biennales qui changent de commissaire ou de directeur artistique tous les deux ans, s’assurant ainsi d’un renouvellement constant de perspective artistique.
José Bedia ( Cuba) à la Triennale de la Caraïbe
Les années 1980 ont permis une ouverture de l’histoire et du marché de l’art – tel qu’il est envisagé dans le monde occidental –, à des zones géographiques jusque-là considérées comme non insérables dans cette histoire. Ce constat général s’applique également aux biennales internationales d’art contemporain, dont le format s’est développé dans le monde entier, plus particulièrement au cours des années 1980-1990. Il y en a aujourd’hui plus de cent – cinquante aux quatre coins du monde et comme titrait le Monde du 7 septembre 2013, Chacun veut « sa » biennale.
C’est contre l’hégémonie des pays du Centre que sont nées les biennales périphériques dans la volonté de décentraliser ce qui était concentré sur un axe Europe-Amérique mais beaucoup d’entre elles n’ont connu qu’une seule édition ou n’ont pas résisté : Ainsi la Biennale de Johannesburg créée au lendemain de l’abolition du régime de l’Apartheid, pour contribuer à promouvoir une image positive de l’Afrique du Sud, n’a connu que deux éditions en 1995 et 1997. La Biennale de Valence a disparu après trois rendez – vous entre 2003 et 2007.
Marcos Lora Read à la Triennale de la Caraïbe
L’engouement pour ce format « biennale », souvent au détriment d’une option plus structurante, s’explique par sa capacité supposée à soutenir l’identité culturelle et nationale et à développer le marché de l’art. Compte tenu de leur coût élevé, en moyenne 6,5 millions d’euros, l’adhésion des artistes locaux et surtout de la population est la condition nécessaire pour leur pérennité et leur stabilité financière.