Pour une pérestroïka française : sortir de l’égalitarisme
Publié Par Emploi2017, le 5 novembre 2013 dans Histoire de l'économieAu bout de la route de l’égalitarisme, il y a pas de richesse ni de bonheur.
Par Bernard Zimmern d’Emploi2017.
Et ces valeurs sont l’attitude vis-à-vis de la richesse, de l’enrichissement. En nous laissant entraîner derrière ceux qui réclament plus de justice, plus d’égalité de revenus, plus d’égalité de fortunes, nous débouchons sur une défaillance de toute la société comme celle qui a détruit feu l’URSS.
La dénonciation des riches a réellement pris son départ en 1981 avec François Mitterrand et un petit livre « changer l’impôt, pour changer la France » de Pierre Uri. Dès son introduction intitulée « des inégalités », Uri lance ce qui sera l’amorce de toutes les campagnes contre les inégalités, la distinction entre inégalités naturelles et inégalités sociales. Et en prônant l’IGF, qui deviendra l’ISF, Uri réussit au-delà de tout espoir, non seulement en faisant fuir les riches mais en paralysant le développement des entreprises et des emplois en France même.
Le paradoxe historique est que la France se met à dénoncer les riches au moment même où ceux qui ont tâté du communisme, la forme suprême de la recherche de l’égalité, abandonnent cette voie sans issue qui débouche sur la misère.
Le paradoxe est en effet qu’à la même époque, 1978, Deng Xiaoping bouleverse les fondements de la Chine en disant aux Chinois : enrichissez-vous. Le paradoxe est qu’en 1985, devant le retard pris sur les États-Unis, le temple de la création de richesse par l’entreprise et l’initiative individuelle, le pouvoir soviétique confie à Mikhail Gorbatchev le soin de tenter une nouvelle politique. Elle débouchera sur les oligarques, exhibant leurs fortunes dans le monde entier mais aussi sur une renaissance de l’économie soviétique.
Il est remarquable de penser que la lutte contre les inégalités, fondement du marxisme, dont on a vu les résultats en URSS, a non seulement dominé la politique de la gauche depuis Mitterrand mais qu’elle a aussi complètement annihilé la droite.
Pensons que depuis 2002, sur les 12 ans qui couvrent les présidences Chirac et Sarkozy, la « droite » n’a jamais eu le courage de supprimer l’ISF, ni osé affirmer que, sans riches pour investir dans de nouvelles entreprises, nous condamnerions notre pays au chômage et au déclin économique.
Au lieu d’affirmer que nous avons besoin de créer des entreprises qui dès leur naissance montrent une vocation européenne sinon mondiale, au lieu d’affirmer que, pour cela, il est nécessaire qu’elles naissent avec au moins une sinon plusieurs dizaines de salariés et donc qu’elles reçoivent dès leur baptême les centaines de milliers d’euros nécessaires, au lieu d’affirmer qu’il est nécessaire de faire appel aux riches et donc de leur donner des encouragements fiscaux pour qu’ils investissent dans des entreprises et plutôt que dans des collections ou de l’immobilier, nos politiciens de droite se sont réfugiés dans la création de petits boulots, un cache-sexe du chômage : entreprise à 1 euro, service à la personne, auto-entrepreneur. L’excuse d’un « mieux que rien », mais un refuge commode derrière des centaines de milliers d’entreprises dont beaucoup sont des zombies qui n’ont aucune chance de conquérir des marchés mondiaux. Aucun n’a osé affirmer que pour créer les entreprises qui feront notre économie de demain, nous avons besoin de riches, pas de réunir des milliers de petits épargnants qui vont faire de la défisc qui coûte très cher au budget sans créer d’entreprises de croissance.
Les résultats de cette politique de l’autruche se voient dans les créations d’entreprises de plus de 10 salariés en France et en Allemagne.
Nombre d’entreprises 3.281 6.253
Emplois créés 36.692 151.395
Chiffres 2008 ; sources INSEE, DESTATIS
Singularité française : il est malheureux que les pourfendeurs d’inégalité soient tous des fonctionnaires, garantis de l’emploi.
Ils illustrent alors le fossé entre celui qui s’entoure de sécurité mais s’interdit de réussir en une vie la très grande fortune faite de chances et de risques courus ; et celui qui enrichit toute la collectivité par la création de nouveaux produits ou de nouveaux services. Ils donnent un nouveau visage à l’alliance du manque d’ambition et de la jalousie.
Mais ils donnent à ceux des fonctionnaires qui cherchent une justification éthique pour des milliers de postes de transfert ou de protection qu’ils s’inventent, une justification pour, comme tout marxisme, forcer leur égalitarisme sur la condition humaine.
Il faut seulement savoir qu’au bout de la route de l’égalitarisme, il y a non la richesse et le bonheur mais la misère comme l’ont mesuré Russes et Chinois.
Peut-être serait-il temps de faire notre pérestroïka ?
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