Thor
et ses amis les Dieux d'Asgard sont déjà morts à plusieurs
reprises, chez Marvel. La fin la plus crédible et touchante fut
celle proposée lors de la saga Thor:Disassembled, plus connu
sous le nom de Ragnarok, à la suite de laquelle toute la
mythologie scandinave échappe une bonne fois pour toutes au cercle
vicieux du cataclysme final, et de la renaissance. Pourtant, quelques
mois plus tard, J.M.Straczynski relance le grand blond avec un
marteau, dans une nouvelle série, qui porte en exergue le titre ...
Renaissance, justement! Cette fois, Thor est seul. Une conversation
avec son double, le docteur Donald Blake, finit par le convaincre que
les hommes ont encore besoin de croire en une entité plus grande
qu'eux, et leurs problèmes mesquins. Du coup, le docteur Blake part
se ressourcer en pleine campagne de l'Oklahoma, avec son bâton de
pèlerin (qui devient marteau) et sa double identité que personne ne
connaît. A peine installé dans un modeste motel, il déchaîne les
forces primordiales de l'orage qui régissent sa transformation, et
devient à nouveau Thor, bien vivant, de retour parmi nous. Mais
seul, donc. Commence alors une quête pour rassembler les Asgardiens,
qui persistent au fond du coeur et de l'esprit de certains humains
pleins de mérite. Certains sont engagés en Afrique, chez Médecins
sans frontières, d'autres père de famille inconsolable, après la
perte de l'aimée lors du passage d'un ouragan à New-Orleans. Tous
ces Dieux, de retour, se doivent également d'avoir un royaume à la
hauteur de leurs ambitions, et Thor fait surgir à nouveau Asgard,
cette fois aux portes de Brixton, dans l'Ocklahoma. Pour être plus
précis, à quelques mètres du sol, suspendue, la cité des Ases
annoncent une étrange ère pour les habitants de la bourgade
américaine, qui vont avoir pour voisins des êtres fantastiques,
braves, légendaires.
La
collection Marvel Select accueille donc les aventures du Tor
de Straczynski, et Coipel. Car oui, les dessins de cette
"renaissance" sont l'oeuvre d'un français, et ils sont
particulièrement beaux, souples, clairs, et agréables. Un album
fort plaisant où Asgard et les Dieux nordiques reviennent peu à peu
à la vie, avec trois questions irrésolues qui flottent dans l'air
et enveniment les visées de Thor. Tout d'abord, où est passée Dame
Sif, l'aimée du Dieu Tonnerre, qui n'est pas revenue? Puis, pourquoi
Loki, prince du mensonge, possède désormais l'apparence d'une
femme? Enfin, si Thor a pris soin de ramener tout le monde, il n'est
pas sur qu'au fond de lui, il souhaite aussi revoir un jour Odin, son
père, tombé au champ d'honneur avant le Ragnarok fatal, mais que
personne n'a réellement tenté de "ranimer". Tout ceci est
bien expliqué et narré, et même un novice du monde d'Asgard pourra
comprendre l'essentiel des enjeux et en tirer de forts bons moments
de lecture. En fin de volume, nous trouvons deux longs récits
indépendants. Le premier, Thor God Size, est signé Matt
Fraction, qui évoque la légende guerrière de Skurge, le vaillant
Exécuteur, et amant de l'Enchanteresse. Cette dernière ne se remet
pas de sa mort, et son vague à l'âme pourrait bien détruire la
création toute entière. Chaque partie est illustrée par un
dessinateur différent, ce qui peut dérouter de prime abord. Pour
finir, The Trial of Thor, de Milligan, où le héros est
accusé d'avoir commis des crimes atroces, d'avoir perdu la tête et
de s'en être pris aux siens. Vite jugé vite condamné, Thor peut
tout de même compter sur l'aide de ses fidèles amis. L'amitié,
c'est sacré, chez les dieux. Thor : Renaissance, est une oeuvre
aboutie et facile d'accès, qui trouvera probablement un nouveau
public, pourquoi pas dès la sortie du cinéma, chez ceux que The
Dark Age aura persuadé de s'adonner à la noble passion des
comic-books.