Je crois que ça y est, c’est la bonne ! Six heures de marge pour enregistrer mes bagages et monter dans l’avion, ça paraît jouable. Pas de retour prématuré en Bretagne pour cette fois. Hallelujah ! A moi l’Australie, ses kangourous, ses breaks mondialement reconnus, le coucher de soleil à Uluru, les plongées dans la Grande Barrière de Corail et surtout, les crocodiles et les araignées…
Mais étonnamment, j’ai commencé à redescendre sur Terre alors même que l’avion décollait. Trop tard pour faire demi-tour. D’abord j’ai pensé aux amis et à la famille. Ben j’ai chialé. Alors que ça allait pas trop mal jusque là. Dix mois putain ! C’est long. Trop long. Et si ça se passait mal ? Que je ne trouvais pas de boulot ou je sais pas quoi… Après tout, je les collectionne les coups de « pas d’bol ». Surtout en ce moment ! Heureusement qu’un ami m’a offert un porte bonheur chinois, j’ose même pas imaginer ce que ça aurait été autrement… Bref, l’angoisse !
Fallait que je m’occupe l’esprit. D’abord quelques films, puis un peu de musique, et quand j’en ai eu marre, j’ai commencé à lire. L’Alchimiste de Paulo Coelho. « Lis le, c’est super quand on a le cafard. » disait mon paternel. En gros, c’est l’histoire de Santiago, un berger andalous qui plaque tout pour partir en quête d’un trésor en Egypte. J’ai pas pu m’empêcher de faire des rapprochements avec moi d’ailleurs… Ben mal m’en a pris. Il se fait dépouiller au Maroc, pays qu’il ne connaît pas et dont il ne connaît pas la langue. Et si ça m’arrivait ? Merci Papa ! C’est sûr ça va beaucoup mieux maintenant ! Du coup, j’ai regardé les étoiles. Comme me l’a demandé maman. Et là, une étoile filante ! Pas besoin de faire un dessin sur ce que j’ai pu souhaiter. Je me suis aussi amusé à chercher le sud avec ce que j’ai appris dans « Le petit guide de l’aventurier moderne ». Merci Mathilde, merci Cassandre, le prochain truc que je mets en pratique, c’est « Comment faire face à un crocodile ». Promis !
Pour finir, l’avion a atterri. Bah oui, il aurait pu s’écraser quelque part dans le Pacifique. C’est déjà un point encourageant ! Passage à la douane comme une lettre à la poste. Aucun contrôle de quoi que ce soit. Soit ! Je retire un peu de sous pour prendre le bus direction Bondi Beach où je vais passer mes premières nuits australiennes. Je prends le temps de m’occuper des petites formalités administratives avant de faire un gros dodo car demain, je passe déjà un entretien pour un job dans une « station » (ferme animalière) du côté de Broken Hill, une ville minière de l’Outback australien.
Se rendre aux locaux où je devais passer mon entretien s’est avéré plus long que ce que je n’avais pensé. Deux heures pour m’y rendre… Mais maintenant je prends toujours large (depuis le ratage d’avion) ! Ça aura au moins été pour moi l’occasion de prendre le ferry pour Manly Beach et d’explorer le nord de Sydney jusque Palm Beach, où très peu de backpackers prennent le temps de venir. Pourquoi ça ? Ben ça prend deux heures alors que des plages, y’en a partout à Sydney. Sinon, l’entretien s’est bien passé. J’ai même pris contact directement avec le couple de fermiers qui va m’accueillir. Ils s’appellent Marg et Cohn.Je ne cache pas que c’est une très grosse boule au ventre qui s’est dégagée lorsque j’ai réservé mes billets de train et de bus pour Broken Hill. Il semblerait que je sois sur les bons rails. C’est donc le cœur léger que je prends le ferry retour pour le CBD (Central Buisness District) où j’ai droit à un magnifique coucher de soleil et à arriver de nuit à Circular Quay. En fait, l’expression « le grand saut » y prend tout son sens. J’ai vraiment l’impression de vivre un saut à l’élastique au méga ralenti. D’abord l’excitation, ensuite tu gamberges (sauf si t’es vraiment timbré) jusqu’à ce que l’élastique se tende. Comme au Bloukrans Bridge ! Là, il commence tout juste à s’allonger. Maintenant, je n’ai plus qu’à pleinement profiter de Sydney avant d’aller tondre les bizu… euh, moutons !