Quand les recettes ne suivent pas….

Avant tout, je voudrai saluer l’arrivée d’un nouveau média touristique national, qui a osé franchir le pas et se mettre sur le net pour informer comme il le dit, le microcosme du tourisme. Je veux parler de www.tourismapost.ma, dirigé  Mme Ahlam Jebbar qui après plusieurs années passées en France, signe son retour d’une manière magistrale en publiant un édito et un article  qui analysent la situation du secteur avec un oeil critique.

En effet, le projet de loi de finance 2014, ampute le budget du Tourisme de quelques 140 M de Dirhams entre 2013 et 2014 et cela ne semble pas émouvoir les principaux intéressés, public et privé confondus, qui continuent à se satisfaire d’un bon mois de septembre 2013, comparé au même mois de l’année écoulée.

Il est vrai que les arrivées et les nuitées augmentent, que la durée de séjour est stable, que les compagnies aériennes déploient leur voilure, mais tout cela est la résultante, de l’effort et du sacrifice des professionnels dont la marge se réduit d’année en année. Comme tout le monde a pu le remarquer, les recettes en devises pour ce même mois de septembre plongent de 2%?

Ce pourcentage est une moyenne nationale, la réalité est que certaines entreprises et certaines régions  font plus et d’autres malheureusement sont dans des chiffres négatifs.

Le bon sens voudrait que lorsque le nombre de touristes augmente, la recette devrait augmenter de tout autant, or c’est l’inverse. Sur certaines destinations, et notamment Marrakech, l’offre en lits est telle que le marché en est perturbé et au lieu de faire la différence par la qualité, on se contente de la faire par le prix en entrant dans une spirale vertigineuse, qu’il sera très difficile de rectifier le au moment opportun.

A qui la faute ? Certainement à la surcapacité non maitrisée, au déficit en lignes régulières pouvant drainer une clientèle à valeur ajoutée, mais également au nouveaux canaux de distribution, que sont les sites online et les comparateurs, qui entrainent les unités d’hébergement dans une course à la première page , synonyme de référencement, dont ils pensent que le prix est le facteur déterminant dans le choix du client internaute.

Cette manière de penser est préjudiciable au produit mais également à la réputation de la destination, car ce n’est pas avec des petits prix que l’on pourra attirer des investisseurs et je suis étonné aujourd’hui, que certains hôteliers 5*  tombent dans le piège en se soldant à longueur d’années avec des prix qui sont en deçà du seuil de rentabilité mais qui finissent par phagocyter les autres unités 4* et 3* qui sont obligées de descendre leurs prix en rognant sur tous les postes budgétaires pour rester compétitifs.

Cette chute des recettes n’est pas nouvelle, elle date déjà de plusieurs années et touche tous les métiers du tourisme. Les agents de voyages ont été les premiers impacté et si la promotion doit se faire uniquement par des tarifs promotionnels, ce n’est demain que nous réussirons notre pari vision 2020.

La bonne santé du secteur nécessite une prise de conscience collective pour rectifier le tir et retrouver un business model plus pérenne. Pour cela, l’état doit continuer à jouer son rôle de facilitateur et d’accompagnateur en commençant par mettre un budget conséquent à la hauteur des ambitions de la vision 2020. Le fait de le tronquer mettra en péril tout ce qui a été entrepris à ce jour.

Une baisse des recettes du tourisme appellera automatiquement une baisse des recettes fiscales liées au tourisme. Les secteurs productifs doivent être préservés et lorsque le moral des entreprises  est au beau fixe, les investissements, l’emploi, les devises suivent et c’est tout bénéfice également pour l’état.

Aujourd’hui, nous avons réellement besoin d’une presse touristique d’investigations pour aller au fond des sujets. Le droit à l’information est capital et c’est de cette manière que nous pourrons faire avancer les choses sans langue de bois. La presse électronique nous permet d’être informé en temps réel, de pouvoir réagir en direct , de commenter et remettre en question si besoin est.