Camarades bretons, ne comptez surtout pas sur moi pour élever au même rang de dignité nationale – en termes d’intensité et de beauté morale de la rébellion quand à ces fondements – ou même à simplement comparer les mouvements multiples d’indignés, de Notre Dame des Landes aux autres GP2i, et votre révolte corporatiste et politiquement orientée (Valeurs Actuelles le soutiendrait-il aussi volontiers sans cela ?) qui rassemble en un étrange fourre-tout ce que notre république pourrissante a de plus vil.
Car seuls des intérêts mesquins, purement financiers, et de surcroît à courte vue, peuvent expliquer qu’on détruise ainsi avec tant de violence et d’acharnement des équipements d’un tel prix que devront encore et toujours supporter les contribuables dont je suis tout comme vous.
Vous feriez mieux de vous demander qui tire vos ficelles, misérables marionnettes, et à qui profite le crime, sinon à ceux qui ont pourtant bien initié en leur temps cette loi mal ficelée et maintes fois reportée alors que son but était louable, et qui maintenant crient au loup en s’absolvant si facilement de leurs pêchés… Et alors que pris la main dans le sac à jeter de l’huile sur le feu, la honte ne les étouffe pas.
On sait à présent – démarche sans précédents dans l’histoire fiscale de France mais qui correspond si bien à l’idéologie libérale sarkozyste – que l’on a confié la récolte de cette taxe à une société privée, Ecomouv, sur laquelle il plane en outre de sérieux doutes à bien des égards :
« La société en question, Ecomouv’, "n’avait que 30 millions de fonds propres pour un projet de 800 millions. C’est une absurdité, cela pose beaucoup de questions et monsieur (Jean-Louis) Borloo et NKM", Nathalie Kosciusco-Morizet, anciens ministres UMP de l’environnement, "doivent répondre", a insisté l’élue écologiste. Comment a-t-on "pu laisser une société privée collecter l’impôt ?" a-t-elle insisté, en relevant qu’Ecomouv’ devait garder 20% de l’argent recueilli. » (source)
Aussi, devra-t-on éternellement laisser des intérêts purement privés et corporatistes se payer sur la bête alors que ce sont finalement toujours en fin de circuit les contribuables qui paient les pots cassés, de la pollution et des mazoutages à la dégradation des routes et autoroutes dont les propriétaires (au mépris de toute logique quand on connaît le dossier) continuent de nous ratiboiser ? Et ce mouvement contre l’écotaxe serait sensé symboliser la lutte de l’exaspération fiscale ? De qui se moque-t-on ?
Ne pas avoir conscience de ces choses là conduit au pire, et notamment à ce à quoi l’on a pu assister en Bretagne (et également dans le Nord, je l’apprends à l’instant) ce week-end, que je réprouve de toutes mes forces, fait de tant d’amalgames éhontés. Et je m’interroge fortement (ou pas…) sur l’impartialité d’un système médiatique qui magnifie ce genre de petites sauteries particulièrement onéreuses alors qu’il n’a pas jugé bon de relayer plus efficacement en leur temps nos combats (et pour cause, il mange dans la main de ses maîtres…), contre le TSCG, l’ANI ou la réforme des retraites, alors que nous étions bien plus nombreux que ces prétendues hordes sauvages dont on nous bassine et qui seraient le signe d’une exaspération populaire…. Qui servirait quels intérêts, je vous prie ? Certainement pas les nôtres… Suivez mon regard.
Et faites le laisse le savoir.
Post-scriptum : quand à savoir pour qui roule ce Julliard là, et dans quel sens rame Marianne, je te laisse le soin de le découvrir…