Cette appellation de FÊTE, tristement oubliée et souvent bafouée, je l’attribue à la journée/soirée OTTO10, qui a eu lieu vendredi dernier à Bobigny. Poétique, amusant et décalé, leur positionnement éditorial annonce déjà la couleur, leur punchline : « la nuit, ça commence à midi », suivi de l’after au Glazart : « l’after, ça commence à minuit ».
L'une des nombreuses preuves de leur créativité : "Toute personne prise en flagrant délit de morosité sera remise aux forces de l'ordre"
Malgré une météo très novembrale, quelques mille farfadets ont franchi le périph ce week-end là pour se trémousser aux sons des artistes du nouveau label Platon Records. Le lieu, qui hébergeait jadis les BP, se prête déjà à de belles fêtes et la fine brochette qui compose la OTTO10 Team a tout donné. Il est 15h, je découvre l’espace outdoor : tente chill agrémentée de jolis canapés, sièges colorés, bar jamais bondé, déco léchée, cerceaux de hula-hoop à customiser ET piscine à boules (comme chez Ikéa ouais) mais aussi un toit pour abriter la bande du Camion Bazar, de joyeux lurons qui enflamment tout sur leur passage, maniant le vinyle avec brillo et commercialisant des accessoires de vraie fête avec rigolo. Je m’arrête ensuite au stand de prévention de drogues qui propose petits prospectus informatifs, pailles à rouler à usage unique, préservatifs, gels lubrifiants en libre service… Une attention judicieuse, responsable et malheureusement trop rare. Pour couronner le tout, les personnes derrière le stand étaient charmantes et participaient volontiers à l’exercice du déroulage de capote sur bite en plastique (oui, ils avaient pensé à tout !).
Les brochures par type de drogues
La libellule qui tenait le stand
15h30, le premier shot avalé me chauffe la gorge, je réfléchis au piège qui se dresse devant moi : ne pas oublier de nourrir son corps. Ben oui c’est bien sympa ces horaires-là mais il faut remplir son estomac, on ne sait pas quand la soirée se terminera ! Ça tombe bien, un snack se tient devant moi. Je prends une barquette de frites, j’appris plus tard qu’il aurait mieux fallu que je m’essaye à la crêpe, mais tant pis, je me suis fait plein d’amis en redistribuant mes frites et j’ai été amusée par la dame du stand, bonne gouaille, bonne poire et grande gueule, qui avait déjà souligné le respect et le bon sens qui régnait parmi les fêtards.
La dame des frites
Bon, le tour du propriétaire est presque terminé, je me plais à découvrir chaque détail qui compose ce tableau mais je continuerai plus tard car c’est Nu qui joue ! Attention, il faut dire « Nou » et pas « Nü », qu’il soit Chilien ou Allemand, on ne sait pas trop, dans les deux cas, ça se prononce pareil !
Bref, ça se passe sous le chapiteau principal, sorte d’arène enchantée qui rappelle un peu le Cabaret Sauvage, très agréable à pratiquer et surplombée de mille accessoires magiques (notamment cette forme immense et farfelue que je n’identifie que très tard comme étant une boule de déguisements lâchée vers 18h, GÉNIAL non ?). Nu fait bien son taf, installe l’ambiance, presque timide au début mais vite réchauffée par ses sons ronds et psycho-tranquilles (je tente hein). Je regrette de m’être dit « plus tard » à la vue du coin massages gratuits car je n’y suis finalement jamais allée malgré de très bons échos. Non mais j’avais mieux à faire, vous comprenez ! Ce fût une soirée socialement riche en ce qui me concerne. Je me plaisais pendant un certain temps à prendre des gens qui tenaient mes stickers en photo, puis à vérifier la solidité du bar sous le poids de mon coude par rapport à une longue courbe temps, puis faire du saut en longueur pour traverser les marées formées par la pluie, puis me perdre dans l’arène, danser, sauter, vriller, déhancher –au passage, savez-vous que j’ai rencontré le seul homme avec qui il ne me déplait pas de danser du rock sur de la techno ?- retrouver des amis en fin de vie d’after, me faire pailleter le visage, tester l’autre bar, sourire indéniablement à Denis et daigner endiabler ma sérénité. Oui, ça veut (quasiment) rien dire, mais je suis fatiguée !
Oui, le bar était assez solide !
Un homme à échasses qui aime mon blog
Ne me posez pas de questions
À noter : la découverte de Feathered Sun, qui porte bien son nom (soleil orné de plumes), composé de Nu, Jo Ke, Raz O’hara et Acid Pauli (rien que ça), aussi beau à voir qu’à entendre mais aussi du pétillant Issa Maïga aux tracks détonnantes.
Enfin, je n’oublie pas le duo Nôze, toujours aussi efficace et endiablé. En conclusion, cette fête haute en couleurs était l’une des plus belles réussites de l’année, et tout le monde est d’accord ! L’amusement a retrouvé ses lettres de noblesse ce jour-là.
D'autres belles lettres
"Le vestiaire c'est 1€ par tête de fellation. Pour payer plus, il faut coucher."
Dans une ambiance de moins en moins noble, quelques farfadets errants et moi-même nous sommes perdus au Rex, alors que tout le monde poursuivait au Glazart. Pas de regrets tout de même, Sonja Moonear, je voulais te voir, je suis venue, j’ai vaincu, puis j’ai vu, je suis ravie, même si au bout de ma vie ! Oui, il y a de moins en moins de détails, allez savoir, il faut que je pense à prendre des notes au fur et à mesure…
Cette photo a été prise à Bobigny mais comme elle est floue...
Le samedi fût ensuite inexistant.
Le dimanche, lui, redevint intéressant avec une « bobo ballade » dans les hauteurs de Belleville suivie d’une sortie théâtre pour le moins originale.
La pièce « Les Rêves » se jouait pour la dernière fois au théâtre de Belleville. J’y allais les yeux fermés et la main tendue, vierge de toute information, si ce n’est qu’il s’agissait d’un mélange de musique électronique et de théâtre contemporain à inspiration slave. « Ça va être n’importe quoi » me disai-je. Que nenni ! Une heure de représentation, 72 émotions différentes, la découverte d’un artiste extrêmement talentueux, un spectacle d’un esthétisme envoûtant, de l’humour, du rêve (forcément), de l’intrigue, de la peur, un vrai jeu d’acteurs… Alors oui, c’est facile d’énumérer les choses comme ça, mais c’est aussi très difficile de dépeindre la scène vécue. Si je m’essaye à l’exercice, sans regarder la brochure : il s’agit de la représentation des rêves d’une jeune femme physiquement perchée sur un trapèze, incarnés par 4 personnages, dont les histoires se recoupent au fur et à mesure, nous faisant part de leurs peurs, leurs philosophies, leurs histoires et leurs particularités (salive marron ou gestation d’oiseaux par exemple) qui s’avèrent être celles de l’héroïne, mais aussi et surtout, les nôtres, explicitement renvoyées par un jeu final de miroirs très intéressant. Sans vouloir être négative, tout ça finit en enfer !
Toute la scène est rythmée par les productions sonores hautement qualitatives de l’artiste Ul (son label ici) qui, j’en suis sûre, a de belles perspectives devant lui ; de nombreux sons qui n’en font qu’un, progressifs, « minimal », pointus et puissants, rappelant les sonorités de mademoiselle Magda.
Pour conclure, Bobigny fût le théâtre d’un bonheur sensationnel, inédit et addictif et Belleville et son théâtre à l’affût ôta tout sens rationnel à mon dimanche après-midi.
Oui, je ferai des phrases plus simples la prochaine fois, peut-être…
Ah, et coucou à mes amis virtuels que j’ai rencontré pour de vrai. C’est beau de concrétiser des flux, OTTO a vraiment rassemblé la crème du jubilé. Pour voir plus de concret de jubilé, allez jeter un oeil aux photos de Charlotte Gonzalez, qui a une page ici mais qui a publié les photos LÀ !
Bobo ballade à Belleville - le O Paris
Bobo ballade à Belleville - Jour
Bobo ballade à Belleville - Nuit
Bobo ballade à Belleville - Le parc
Bobo ballade à Belleville - La photo Bobo
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