Cet article reprend le sujet de la ruelle développé dans celui intitulé Les Précieuses et les femmes de lettres.
La ruelle est l'espace à côté du lit où une ou plusieurs chaises sont disposées pour la discussion.
Depuis l'Antiquité, le lit, et l'étendue proche qui l'entoure, sont des lieux de grande sociabilité. Comme je le montre dans le texte Au lit au Moyen-âge, l'époque médiévale poursuit cette pratique … jusqu'au XVIIIe siècle. On sait qu'en Grèce et chez les romains on dort, discute et mange dedans. Sans doute existe-t-il alors des lits 'de jour', d'autres pour la nuit, et pour les plus riches des lits d'apparat.
À partir du Moyen-âge on ne mange plus dans des lits mais à table, sur des chaises et des bancs. Mais le lit reste un lieu d'accueil, au niveau de la ruellle, et cela jusqu'à la Révolution. C'est qu'il est le meuble le plus important d'une demeure, l'emplacement où l'on naît, se détend, dort, procrée, se soigne et meurt souvent sur plusieurs générations. Il est donc lié aux 'lares' de la maison, à l'esprit qui l'anime. Il est difficile d'expliquer cet usage dans notre société où la naissance et la mort n'ont la plupart du temps plus lieu à domicile. Le lit se trouve souvent près du foyer, du feu qui apporte chaleur et bien-être lorsqu'il fait froid. On y est au chaud ; et quand il fait beau temps on s'y trouve à l'ombre dans la fraîcheur. C'est le cas aussi pour la ruelle.
Le terme de 'ruelle' est utilisé pour appeler cet endroit déjà au Moyen-âge et souvent pour désigner en général un espace compris entre un mur et un objet proéminent.
Être inviter à la ruelle d'une dame c'est être convié à partager l'intimité de son esprit, son âme. C'est un des lieux majeurs de la galanterie, un endroit magique, presque divin.