Sur le papier, le vendredi devait être la journée la plus excitante. Warpaint, Deerhunter, Petit Fantôme, rien que ça. Les autres artistes n’étaient que du bonus : Ariel Pink, Deafheaven, Junip, Disclosure, Colin Stetson, Jagwar Ma, Danny Brown. Et puis l’annonce est tombée il y’a un mois. Deerhunter annula sa venue pour raisons inconnues. Arf. La tuile. Le groupe de Bradford Cox a sorti un des plus beaux albums de l’année, Monomania. L’artiste qui aura la lourde tache de le remplacer se nomme Connan Mockasin. Ariel Pink se désiste lui aussi quelques jours avant le début du festival, Wall of Death prendra le relais.
C’est la première fois que je mets les pieds dans la Grande Halle de la Villette. Le lieu impose forcément. J’ai eu à peine le temps de faire le tour de cet immense bâtiment, que déjà le premier artiste entre sur scène.
Petit Fantôme démarre cette journée de concert, et à voir la performance, je regrette sincèrement de ne pas l’avoir vu un peu plus tard dans la soirée. Ses chansons personnelles invitent aux rêves et prennent plus d’ampleur sur scène. Elles n’auraient pas fait tâche programmées au milieu de plus grosses pointures.
La Grande Halle n’est pas très pleine, il est donc plutôt facile de la traverser pour rejoindre la scène opposée. Pas de temps mort, un bruit bourdonnant accueille l’arrivée du public. Les musiciens de Deafheaven entrent en scène suivis du chanteur George Clarke. Ne connaissant rien du groupe, excepté la pochette rose de leur dernier album, j’ai très vite compris que l’on avait à faire à un groupe de… métal. Se proclamer le paradis des sourds n’est peut-être pas une chose anodine. La prestation soignée et cadencée du groupe mérite son attention, mais au bout de trois chansons, les cris du chanteur auront eu raison de mes oreilles.
Un petit tour vers la scène opposée pour voir les remplaçants d’Ariel Pink, Wall of Death. La voix grave du chanteur mais beaucoup moins irritable que celle de Deafheaven, ne me passionnera pas beaucoup plus, ni même le paon présent sur leur batterie. Le trio Parisien qui puise ses inspirations dans le rock psyché, voire mystique, n’accroche pas à mes oreilles.
18h30. C’est au tour de Warpaint d’entrer en scène. Depuis la parution de leur premier album en 2010, les quatre nanas originaires de Los Angeles sont la principale raison de ma venue ce jour là depuis l’annulation de Deerhunter. Leur set sera court, 50 minutes, mais surtout progressif. La grâce des instruments a accompagné la voix des deux chanteuses, entonnant tour à tour des nouveaux titres, mais aussi des classiques, Undertow en tête. Warpaint a dévoilé un nouveau single il y’a quelques jours, Love is to die, majestueux sur scène, qui annonce un deuxième album prévu pour janvier 2014.
Colin Steston monte sur scène à 19h25. Ce saxophoniste fou impressionne par ses trois longs morceaux de plus de dix minutes. Dans le public, certains seront réceptifs, d’autres beaucoup moins.
Place à Junip qui s’installe sur la scène où Warpaint s’est produit une heure plus tôt. Sincèrement, la folk du groupe Suédois ne me séduit pas. Et quitte à me mettre les fans de Grizzly Bear à dos, j’ai trouvé ça aussi chiant…
Il faudra donc attendre 21h pour que la Grande Halle de la Villette soit secouée. Et c’est à Jagwar Ma que nous devons cette euphorie. J’ai vu le groupe à l’été 2012 sur la scène du Midi Festival. A cette époque, ils ouvraient les festivités et leur prestation était « mignonne ». Jeudi soir, à voir l’état de la foule, on pouvait voir que le duo Australien avait pris de l’assurance. Leur bordel multicolore était une véritable machine à danser, obligeant même les plus réticents à bouger leur corps.
Interlude sexuelle avec la venue de Connan Mockasin. Je ne suis pas un spécialiste des rêveries du chanteur originaire de Nouvelle-Zélande, excepté sa collaboration avec Charlotte Gainsbourg. J’ai par contre changé d’avis avec les extraits de son nouvel album, Caramel, en écoute depuis quelque jours. Les mélodies sont lascives, et la voix de Connan qui m’irrite habituellement, appelle au sexe. Est-ce qu’on fera l’amour sur Caramel comme Sexuality de Sébastien Tellier peut le permettre ? Une fois entendu son nouveau single, I’m the man that will find you, je me suis laissé guidé par mon ventre qui criait famine…
23h, place à l’artiste hip hop de la soirée. En hip hop cette année, j’ai succombé au dernier album de Kanye West et au premier d’A$AP Rocky. C’est avec Danny Brown qu’il faudra composer. La prestation plutôt fade du chanteur ne me fera pas écouter son album.
Après du métal, de la folk, de la pop, du hop hop et du rock, c’est l’électro de Disclosure qui viendra clore cette journée. Je suis passé à côté du buzz des deux frère Londoniens, et je dois dire que leur house à l’ancienne m’excite moyen. Mais après minuit, on ne fait plus trop gaffe sur quoi on danse…
Je n’ai pas pu me déplacer le jeudi et le samedi, et pour le coup je regrette de ne pas avoir vu le groove de Blood Orange, les filles magnétiques de Savages, Youth Lagoon mon chouchou (en replay ici !), le rockmantique Mac DeMarco ou le frenchy Pegase. Ils auraient peut-être comblé ma déception de l’absence de Deerhunter…