Aménagements ferroviaires et écologie

Publié le 03 novembre 2013 par Alexm

Les aménagements de voie ferrée font partie du développement technologique et économique : peuvent-ils être "écologiques" (dans un sens assez large, avec des guillemets à l’anglaise, comme ces gens qui marquent leur discours oral d’un geste des deux mains) ? L'aménagement fait en 2011 du TGV Paris-Genève est à mon sens utile et harmonieux – appelons cela "écologique".

Les habitués du Paris-Genève ont en effet remarqué que depuis 2 ans, le temps de parcours a été diminué d’environ 25 mn (passant de 3h30 à 3h05 soit -12%), par réhabilitation de la ligne du Haut Bugey entre Bourg-en-Bresse et Bellegarde-sur-Valserine (j’adore le nom complet de cette ville). Cette réalisation est un modèle du genre : réhabilitation de la ligne (il existe depuis 1850 de nombreuses lignes désaffectées !) et non construction d’une nouvelle ligne, maintien de la circulation sur une voie et non construction d’une deuxième voie parallèle,… Les paysages ont été préservés, le coût d’aménagement réduit (320M€ quand même) ; la circulation à une voie (sans doute le seul tronçon TGV à une voie !) pendant 50 mn nécessite simplement ne bonne organisation du trafic. Bref, un aménagement écologique, au sens d’intelligent (ce n’est pas toujours le cas).


Le trajet de l'ancienne ligne (en rouge) et de la nouvelle (en bleu), qui fait gagner 25 mn (WikiCommons auteur Oldboltonian.

Les amateurs de problèmes de trains et de robinets à l'ancienne pourront vérifier que les trains ne se croisent pas sur cette ligne (heureusement, puisqu'elle est à une voie) :

BV   08h09   15h01   17h00  

BB   08h55   15h54   17h54  

BB   9h00   14h04   18h05   21h04

BV   9h47   14h58   18h57   21h51


D'autres aménagements ferroviaires me paraissent plus contestables. Ainsi la construction en 2013 du viaduc de Courbessac en pleine ville de Nîmes, pour éviter un point de rebroussement (au sens mathématique : le train quittait Nîmes puis après quelques centaines de mètres, repartait dans l'autre sens, un aiguillage changé l'orientant vers Alès). C'est une énorme infrastructure au-dessus des voies, pour gagner 8mn (temps surévalué ?) sur un trajet de 40mn (soit -20%) (coût 40M€). Je risque de me voir critiquer comme exprimant une position parisienne : « gagner 20mn sur Paris-Genève, OK, mais que des Alésiens gagnent 8 mn sur leur trajet quotidien, ce n’est pas écologique ! ». Peut-être est-ce en effet une position typiquement « bo-bo » (à savoir : les aménagements qualifiés d’écologiques sont ceux qui m’arrangent). Mais la lourdeur du chantier et du viaduc à Nîmes m'avait impressionné. À discuter : certains aménagements peuvent-ils être qualifiés d'écologiques et d'autres non ?

 En haut, le viaduc en construction WikiCommons auteur G CHP). En bas, l'emprise totale du viaduc mis en service cette année, qui permet d'éviter le V (on ne voit pas la pointe du V, en bas hors photo ; la gare de Nîmes est aussi hors photo, un peu plus loin sur la gauche) (image AlèsCévennes, agglomération d'Alès)