C'est la consternation après l'assassinat samedi de deux journalistes français de RFI au Mali. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés par des hommes armés à Kidal au Mali avant d'être exécutés. Pour l'heure, les circonstances de leur mort restent floues et une enquête à été ouverte par le parquet de Paris pour apporter des précisions. Les deux envoyés spéciaux venaient d'interviewer Ambeiry Ag Rissa, un chef indépendantiste touareg, quand ils ont été enlevés et emmenés de force dans un 4X4 par plusieurs hommes armés, à Kidal, une ville où les affrontements entre l'armée et les combattants indépendantistes Touaregs du MNLA sont fréquents. Ils ont été exécutés quelques minutes plus tard, à dizaine de kilomètres du lieu de leur enlèvement. Leurs corps ont été découverts par l'armée française arrivée trop tard pour venir en aide aux journalistes.
Tous deux grands spécialistes de l'Afrique, Ghislaine Dupont et Claude Verlon préparaient des émissions spéciales sur le Mali prévues pour RFI, le 7 novembre prochain. Sous le choc, la rédaction a annulé la diffusion et s'est dite " profondément triste, indignée et en colère " par l'assassinat de ses deux journalistes.[...] Le chef de l'Etat doit réunir ce dimanche les ministres concernés pour établir les conditions de ces assassinats. Source : elle.fr
Extrait du "Que sais-je ? - Le journalisme"
Souvent décrié, quelquefois envié, parfois admiré, le journalisme donne à ceux qui l’exercent un pouvoir important. C’est l’historien et penseur britannique Edmund Burke, qui, le premier, en 1787, a qualifié la presse de “ quatrième pouvoir *”. L’expression a fait fortune. Elle est désormais banale. Elle traduit l’influence croissante des journalistes dans les sociétés modernes. Si les premiers journaux sont nés au début du XVIIe siècle et les premiers quotidiens au siècle suivant (le Daily Courant à Londres en 1702, le Journal de Paris à Paris en 1777), il faut attendre en France la fin du XVIIIe siècle et surtout la Révolution pour que soit reconnu le pouvoir des journalistes.
Le mot même de “ journalisme ” fait son entrée dans la langue française en 1778, selon le dictionnaire Le Robert. Il ne devient d’usage courant qu’au xixe siècle. Le mot de “ journaliste ” est plus ancien : il remonte, à en croire le même dictionnaire, à 1703.[...] Ce n’est qu’à la fin de ce siècle que le journalisme devient un métier, qui se donne des règles, des syndicats et bientôt des écoles. Des entreprises de presse se créent, qui emploient des salariés. À côté des écrivains et des hommes politiques, qui continuent, en France notamment, d’écrire dans les journaux, ceux-ci accueillent, en nombre croissant, des journalistes professionnels.[...]
Les devoirs des journalistes sont, entre autres, de “ respecter la vérité ”, de “ publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si nécessaire, des réserves qui s’imposent ”, de “ ne pas user de méthodes déloyales ”, de “ s’obliger à respecter la vie privée des personnes ”, de “ rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ”, de “ s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ”. Leur droit fondamental est d’ enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique ”, le libre accès à toutes les sources d’information leur étant assuré et le secret ne pouvant leur être opposé que par exception.[..]
Le journalisme présente des visages divers selon les thèmes qu’il aborde et selon la manière dont il les traite. [...] Le travail du journaliste peut prendre différentes formes, du reportage à l’éditorial, de l’enquête à la chronique. Il investit également des terrains variés, qui vont de la politique à la culture, en passant par le fait divers et l’économie. Le spécialiste de politique intérieure, le journaliste d’investigation, le correspondant de guerre, le chroniqueur judiciaire, le reporter sportif, le critique littéraire ou cinématographique, autant de figures du journalisme qui se distinguent par leurs approches de la réalité mais qui se ressemblent par leur intérêt commun pour l’actualité, mot clé du métier.
“ Le journalisme, le vrai, c’est la course aux nouvelles ”, disait Robert de Jouvenel, qui fut au lendemain de la Première Guerre mondiale l’un des principaux collaborateurs du quotidien L’Œuvre. Depuis que la presse a choisi, au XIX°e siècle, en France comme ailleurs, de donner la priorité à l’information sur l’opinion, la passion de l’événement est au cœur du journalisme. C’est cette passion qui stimule le journaliste, c’est elle aussi qui anime le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur lorsqu’un sujet d’actualité le mobilise. Le journalisme veut être au plus près de l’agitation du monde. De là viennent à la fois sa richesse et ses faiblesses .Source : Que sais-je ?
*Pouvoir exécutif - législatif - judiciaire - et 4° pouvoir : la presse