Danny Brown « Old » @@@@
Publié le par SagittariusFaut-il présenter ce cher Danny Brown ? OK mais vite alors parce qu’il faut absolument parler de cet album.
Danny Brown est un rappeur de Detroit qui se considère lui-même comme un « Hybrid » (qui a donné le nom à son premier free album paru en 2010), dont le buzz lui avait valu une participation sur Jay Stay Paid, un des disques posthumes de J Dilla. C’est en 2011 que le monde finit enfin par découvrir la folie de ce rappeur reconnaissable par ces signes distinctifs : un look de punk hipster et il lui manque une incisive supérieure. Il sort cette année-là XXX chez Fool’s Gold qui lui a valu une reconnaissance critique, suivi de son EP commun Black & Brown! avec Black Milk. On ne compte pas le nombre d’ongles rongés en attendant que Old apparaisse dans les bacs. L’album le plus dingo de l’année 2013 après Legends Never Die de R.A. The Rugged Man.
Spécificité de ce troisième album, mais le premier distribué par une major (la compagnie Warner) : il est structuré en deux parties, ou faces (A et B) comme il est indiqué. Danny serait-il schizo? Hypothèse à vérifier à côté de la chronique.
Face A. ‘A’ comme ‘attention ça va chier’. On entre dans le vif du sujet sans attendre. Déjà, on est déconcerté par le flow et la voix du rappeur. C’est bien lui qu’on entend ensuite sur le clin d’oeil aux Outkast « The Return » avec Freddie Gibbs ? Youhou? C’est toi Danny ? On cherche un peu partout, sur tel couplet, sous le clavier… C’est bien notre Danny au micro, pas tout à fait le gars foufou dans sa tête, son autre facette plus… « normale » (tout est relatif). Il faut reconnaître que cette stratégie est des plus inattendues. Cette partie produite par Paul White et Oh No majoritairement est hétérogène, balançant entre des titres sérieux (« Torture« , « The Return« ), des trips perso (« Gremlins » et la tuerie « Dope Fiend Rental » avec ScHoolboy Q) et des instrus totalement délirants. On a droit à de la world music samplée sur « Wonderbread » et plus invraisemblable, sur « Lonely« , on a droit au chanteur et poète Morice Benin (hélas mes recherches de la chanson en question ont été infructueuses). Alors ça si c’est le Danny Brown en mode ‘normal’, qu’est-ce que ça va être après. En parlant de ça, son esprit commence à faire volte-face sur « Red 2 Go« …
Face B. Cette seconde partie est totalement dé-men-tielle! ça part littéralement en couille, pourtant c’est sans alcool… Les instrus de SKYWLKR, A-Trak et Rustie nous mettent la cervelle sens dessus dessous et Danny Brown, le trublion qu’on adore, celui qui a su maintenir sa prestation en se faisait tailler une pipe sur scène, vient nous faire la fête à coup de bangers. Les filles vont twerker sur « Dip« , « Smokin’ & Drinkin’« , « Break It », « Handstand« , des bombes sonores qui n’ont pas peur de déraper sur la musique électronique, dont le dubstep, et on aime ça, et tant pis pour le hangover et le Kush Coma » avec A$AP Rocky dont le refrain surréaliste paraît tout droit inspiré d’un générique de vieux anime japonais. Sacré Danny, ce mec parle de chatte sans arrêt, de substances illicites, de trucs qui te retournent la tête… c’est en fait un putain d’Old Dirty Bastard haha. Soudain, pour le dernier morceau, retour vers un semblant de calme avec « Float« , sur une prod de Frank Dukes et les BadBadNotGood. Et quand le cerveau se remet à l’endroit brutalement, on veut que ça recommence. Mais pas immédiatement.