Un roman courageux…
Inspiré de faits réels, La Traîtresse, premier roman de Dominique Zachary, par ailleurs auteur de La patrouille des enfants juifs, un récit à succès qui fut adapté à la scène et en bandes dessinées, raconte par le menu la descente aux enfers d'une jeune enseignante accusée faussement à la Libération par la rumeur de collaboration avec les Allemands sous l'occupation nazie.
Dans cet ouvrage fort bien écrit, le thème ô combien touchy de l'épuration sauvage par une populace grossière est traité avec intelligence et sensibilité, ce qui change des habituels discours patriotards sur le sujet.
Sa lecture nous a remis en mémoire d'autres cas, comme celui d'un résistant authentique (il fut partisan FTP et dynamiteur de trains en France) que des « justiciers » autoproclamés estropièrent à vie après son retour en Belgique avant de lui présenter leurs plus plates excuses, ou comme celui du publiciste Robert Poulet condamné à mort à Bruxelles en raison d'un faux témoignage du secrétaire du Roi (Poulet avait écrit dans la presse censurée à la demande du souverain) ainsi que de la présentation au tribunal de documents trafiqués. On le relâcha de son ergastule sept ans plus tard comme si de rien n'était, mais sa fille, malheur suprême, se suicida par la suite en raison de cette cabale léopoldiste. C'est peu dire que notre homme – l'un de nos plus grands écrivains – garda une dent acérée contre la « démocrassouille » !
Voici en tout cas un livre-choc qui montre que la trahison n'est pas toujours où on le proclame...
Bernard DELCORD
La Traîtresse par Dominique Zachary, Paris, Éditions Michalon, octobre 2013, 256 pp. en noir et blanc au format 13 x 20 cm sous couverture brochée en couleurs, 17 € (prix France)