genre: horreur, gore, amateur (interdits aux moins de 16 ans)
année: 1998
durée: 1h19
L'histoire: Trois psycho killers vivent isolés dans les montagnes. Un jour, ils enlèvent un petit garçon qui devient leur fils adoptif. Quand celui ci atteint l'âge de treize ans, les trois dégénérés commencent à faire son éducation criminelle.
La critique d'Inthemoodforgore:
Voilà un film éminemment sympathique! Une véritable bouffée d'air pur venue des sommets. Alors, respirez à fond, c'est du suisse...
Nos voisins et amis helvètes sont de petits cachotiers. De leur patrimoine, nous croyons tout connaître: des montagnes immaculées, des vallées verdoyantes, des secrets bancaires bien gardés, des vaches mauves et un tennisman légendaire. Mais ces coquins s'étaient bien gardés de nous dire qu'un de leur ressortissant, Jean-Clément Gunter, avait pondu, il y a quelques années, un film abracadabrantesque du nom de Décadence. Un nom bien sale pour un pays si propre !
Pour la petite histoire, en 1992, Gunter achève un métrage intitulé Trois psychopathes. Jugeant que le film faisait trop amateur, il le retravaille six années durant, change le format passant du 16mm au 35mm et le rebaptise en Décadence.
Le résultat ? Pratiquement aucun, le nouveau film faisant tout aussi amateur que l'original et c'est tant mieux ! Tourné avec trois bouts de ficelle et deux trombones usagés, avec des comédiens sans aucune expérience, Décadence déborde d'énergie et de bonne volonté. Série Z totalement assumée, ce film hyper décalé et décontracté du hachoir, frôle le grandiose dans la nanardise.
Et pourtant l'histoire qui mélange une pincée de The Manson family et une grosse louche de La colline a des yeux, ne prête pas spécialement à sourire.
Attention spoilers: En 1957, René 11 ans, régulièrement battu par son père, tue ses parents et part vivre reclus dans les bois où il va développer un esprit dérangé et criminel. Vingt ans plus tard, il recueille Arthur et Alfred, deux gamins fugueurs, qu'il élève selon ses principes: viols, meurtres, cannibalisme et dévotion à Satan. Encore dix ans plus tard, les trois furieux tuent un couple d'amoureux qui se bécotaient dans la forêt et enlève leur petit garçon, Yves, qu'ils élèveront de leur amour si particulier. Arrivé à la puberté, Yves a décidé: lui aussi sera un serial killer et "versera le sang en l'honneur de Satan son maître". Reste à faire ses preuves devant ses ainés.
Alors que ceux-ci l'ont inscrit à l'école pour la première fois de sa vie, il poignarde direct sa prof de sciences naturelles (et le dirlo dans la foulée) parce qu'elle a eu le malheur d'affirmer que les seuls mangeurs d'hommes étaient les fauves, ce qui a eu le don d'énerver notre jeune ami! Peu après, lors de sa première "chasse", il capture un ado afin de le torturer.
Les autres membres de la famille s'occuperont de la mère de l'ado, qui finira en côtelettes. Un peu plus tard, Alfred laisse maladroitement échapper deux joggers qu'il se réservait pour le dîner. Ceux ci en profitent pour aller chercher dare-dare de l'aide au village le plus proche. Un groupe d'habitants, assistés d'un curé illuminé, va alors se lancer à la recherche de la famille monstrueuse. Hélas, tous finiront dans les assiettes de nos quatre goinfres (sauf le curé qui perdra la tête...).
Pourtant, dans un moment de pitié, Yves délivrera le jeune garçon qu'il séquestrait. Celui ci en pardonnant le meurtre de sa mère, agira comme un déclencheur sur Yves qui prend conscience de la monstruosité de ses actes. Il s'enfuiera vers Paris où il sera recueilli par une autre famille, normale celle là, pendant que les trois autres cannibales s'évanouiront dans la nature.
Là, je pose 3 questions:
- comment un gamin de 11 ans peut-il se débrouiller pour survivre seul dans une forêt pendant plus de vingt années?
- comment deux gosses qui fuguent peuvent-ils suivre un adulte inconnu, de leur plein gré, les mains dans les poches, au bout de dix secondes?
- et comment des criminels patentés, en fuite et recherchés, s'arrangent-ils pour inscrire le jeune Yves à l'école sans donner des renseignements personnels et donc sans provoquer quelques soupçons?
D'ineptie en ineptie, de contresens en absurdité, ce film promène son surréalisme devant un spectateur qui ne sait pas s'il doit pleurer de rire ou pleurer tout court. Pour ma part, le choix a été vite fait, j'ai cavalé comme un seul homme.
Incroyable film que ce Décadence ! Une histoire à dormir debout, des incohérences du début à la fin et un jeu d'acteur aux frontières de la quatrième dimension. C'est tellement mal joué que c'en deviendrait presque génial. Bref, la panoplie complète du nanar mais un nanar 5 étoiles !
Il y a pourtant quelques moments de tension et d'érotisme trouble quand, par exemple, un travesti (qu'est ce qu'il foutait dans les bois celui là?) essaie de séduire Alfred. Peine perdue, il finira les tripes à l'air...Un très bon point, également, pour les effets spéciaux qui sont loin d'être ridicules. Nous avons droit à tout un lot d'éventrations, décapitations et éviscérations qui sont ma foi, assez réussies.
Mais ce film très violent ne peut clairement pas être pris au sérieux au vu de son total amateurisme. D'ailleurs les "acteurs" n'ont pas poursuivi de carrière et le réalisateur, Jean-Clément Gunter a lui aussi, complètement disparu de la circulation. Décadence n'a donc été qu'un one shot. Mais ce film jouit d'une réputation d'ovni auprès des amateurs de gore et sa rareté en fait un objet très recherchés par les collectionneurs. Bref, Décadence, c'est le Z à son plus "haut" niveau mais c'est surtout une bonne tranche de rigolade bien saignante qu'il convient déguster et de partager avec quelques potes un peu éméchés !
note: 02,5/20
note nanardeuse: 18/20
pour voir un extrait du film: http://www.youtube.com/watch?v=OWKiuvl2Qzo