Il y a certaines choses qu’il ne faut absolument pas louper. En pâtisserie, la pâte à chou est ratée et c’est votre dessert qui est dépeuplé. Dans une salle d’opération, confondre la droite et à la gauche peut s’avérer désastreux. A la plage, vous oubliez votre maillot et… Hum, non, ça peut encore passer. Avec les séries c’est un peu pareil. Loupez votre épisode final et c’est la saison entière qui en fera les frais malgré une qualité indiscutable. En la matière, The Good Wife a terminé sa saison 3 sur un épisode mémorable. Sur l’échelle de The L Word – 608 à The West Wing – 222, The Dream Team tutoie les sommets et se rapproche évidemment plus du Président Bartlet que du soporifique meurtre de Jenny. Nul besoin de cliffangher pour un bon season finale. Certaines séries peuvent se reposer sur un casting impeccable et une écriture aboutie pour s’assurer une audience toujours aussi présente la saison suivante. The Good Wife jouit des deux, et c’est assez rare pour être souligné. Petit retour sur cet épisode classique mais parfaitement maîtrisé du début à la fin.
Patti Nyholm (Martha Plimpton) et Louis Canning (Michael J. Fox) tentent de voler le client le plus important de Lockhart & Gardner sous couvert d’achever le cabinet en leur intentant un procès qui pourrait les mener à la faillite. Et ils y parviennent. Ils sont la Dream Team. The Good Wife tient là ses deux meilleurs guest-stars. De loin les personnages les plus excitants et enthousiasmants depuis le début de la série, Nyholm et Canning jouent tous les deux sur la corde sensible, l’un avec sa maladie, et l’autre avec son rôle de mère, pour parvenir à leurs fins et c’est on ne peut plus logique de les retrouver, en alliés, contre Will et Diane pour conclure une saison dont l’axe était principalement les problèmes financiers du cabinet et la suspension du droit d’exercer de Will.
Non content de voir Will et Diane tourner en bourrique, dansant la valse à 3 temps avec Louis et Patti, passés maîtres en stratagème, c’est également au cours de cet épisode que l’on en apprendra plus sur la sublime Kalinda Sharma. L’amorce d’une réconciliation attendue avec Alicia ne tient peut-être pas l’audience en haleine mais son implication dans la vie de Kalinda qui voit son mari refaire surface, est un moyen propre et efficace de faire interagir de nouveau les deux amies en dehors des relations strictement professionnelles. Le suspense autour de ce personnage provoque une tension presque palpable. Un axe scénaristique qui, à défaut d’être plus convenablement développé en saison 4, laissera le téléspectateur sur sa faim lors des dernières secondes de l’épisode.
Alors que l’affaire judiciaire autour du cabinet garantit les enjeux professionnels de cette fin de saison, l’épisode se construit autour des enjeux familiaux d’Alicia qui navigue en eaux troubles entre Peter et Will, Will et Peter. Qui de la maison ou de l’appartement remportera la mise ? Si au terme de la saison précédente, Alicia se retrouvait une fois encore sous le feu des projecteurs, c’est plus discrètement qu’elle saisira toute l’importance de son cercle familial dans ce season finale plus que jamais aux couleurs de ses désirs personnels.
On ose l’espérer, l’écriture d’un season finale est pensée à l’avance et conclut généralement des intrigues de la saison tout en en évoquant de nouvelles afin de poursuivre le développement des personnages, avec toujours en tête, une certaine idée de la fin, une conclusion qui ravirait à la fois les scénaristes et les téléspectateurs. Ici, avec The Dream Team, c’est cela et bien plus encore. Ponctué du running gag particulièrement inattendu de la petite fille qui parcourt les couloirs de Lockhart & Gardner et des scènes de l’ascenseur toutes aussi comiques, l’épisode final de cette saison 3 allie humour, intelligence et rythme pendant 42 minutes, sans discontinuer, enchaînant les punch lines et l’émotion qui agrémentent un scénario riche, solide et efficace. Une réussite à la hauteur de la série.