Ce documentaire est une adaptation du livre de Serge Halimi paru en 1997 qui évoquait les proximités entre journalistes, hommes politiques et industriels. Ce livre était en quelque sorte la suite du livre paru en 1932 de Paul Nizan, « Les Chiens de Garde », qui dénonçait déjà à l’époque les philosophes qui ne connaissaient pas la réalité du quotidien de l’homme ordinaire.
Le livre « Les nouveaux chiens de garde » critiquait quant à lui les dits « experts » en économie et de leur appropriation de l’espace médiatique (presse, radio et télévision) depuis 30 ans. Ces économistes nous rabâchent les vertus de la mondialisation, du marché sois-disant autorégulateur et du libre échange malgré la misère sociale et écologique engendrée.
Ce film dénonce, avec des petites pointes d’humour, la fausse indépendance journalistique, car selon les aveux de Franz-Olivier Giesbert, le journaliste doit se soumettre aux ordres des groupes financiers qui possèdent les groupes de médias :
Il y est aussi question de la pluralité d’opinion avec la mise au banc des analystes qui ont un discours différent de celui de l’ordre libéral établi. Lorsque ces derniers passent une fois dans une émission, les « Experts » y sont passés dix fois. Cette pluralité est aussi mise à mal par le contrôle des grands médias par une poignée d’industriels. Ceci dit, il existe pourtant de nombreux débats dans les émissions de télé, mais ils sont tolérés si les opinions exprimées ne remettent pas cause les fondamentaux du système et généralement les désaccords entre les interlocuteurs se portent sur des points insignifiants.« Mon pouvoir, excusez-moi, c’est une vaste rigolade. Le vrai pouvoir stable, c’est le pouvoir du capital. Il est tout à fait normal que le vrai pouvoir s’exerce. »
Franz-Olivier Giesbert, France Inter, 1989
Frédéric Lordon économiste et collaborateur régulier du Monde Diplomatique fait partie de ces analystes mis en touche et c’est sans doute avec un sentiment de revanche qu’il revient sur la bourde des Alain Minc et Daniel Cohen qui prédisaient la fin de la crise en 2008, trois mois avant la faillite de la banque Lehman Brothers, alors que tous les clignotants étaient au rouge. Mais le plus grave dans cette histoire n’est pas l’erreur en elle-même, mais le fait que ces deux individus continus à truster les médias sans qu’il n’y ait eu de remise en cause de leur présence malgré leur incompétence.
Aussi, ces experts oublient d’afficher toutes leurs casquettes, par exemple celles où ils sont dans les groupes d’administration de grands groupes financiers ou industriels évitant ainsi d’être accusés de conflit d’intérêts portant flagrant. Les journalistes vedettes de leur côté ne sont pas épargnés par les conflits d’intérêts en participant à des conférences très bien rémunérées. Puis sans être dérangés, ils invitent leurs commanditaires dans leurs émissions.
La promiscuité entre industriels, hommes politiques et journalistes (bien illustrés avec les dîners mensuels du Siècle d’où rien ne filtre des discussions abordées). Le système fonctionne de telle sorte que les plus impertinents des journalistes sont soit mis dans l’ombre soit rentre dans le moule comme Michel Field ancien extrême gauchiste devenu animateur d’émission faisant l’éloge du travail de la police et participe aux fameux dîners du Siècle.
Enfin, les journalistes font office de gardiens de l’ordre social avec par exemple des demandes répétées d’appel au calme aux représentants syndicaux ou lors des violences urbaines. Ces présentateurs vedettes n’ont aucun sentiment d’empathie. Leur situation de nantis dès leur naissance les empêche de comprendre la réalité ce que critiquait déjà Paul Nizan en 1932...
Pour les habitués du Monde Diplomatique, de Là-bas si j’y suis ou des films de Pierre Carles, ce documentaire ne fait pas de révélations fracassantes. En revanche, il très important s’il parvient être diffusé en dehors de sa sphère de prédilection. Malheureusement, le boycott des grands médias ne va pas faciliter la tâche.
http://www.lesnouveauxchiensdegarde.com/
Voir le documentaire en intégralité.