La mort attend en nous qu’une porte s’ouvre.
La mort est aussi patiente qu’un chat mort.
La mort est une poignée de porte faite de chair.
La mort c’est l’angélique fermière
Encornée par le taureau en rentrant de l’école
et traversant le pâturage
par un raccourci. Dans sa septième année
elle ne pouvait ni lire ni écrire. Elle n’était pas vierge.
Elle était « simplette », disions-nous tous.
C’était en mai, au temps des lilas et des étoiles filantes.
Elle a vécu dans ma mémoire pendant soixante années.
La Mort vole tout, sauf nos histoires.
*
Death waits inside us for a door to open.
Death is patient as a dead cat.
Death is a doorknob made of flesh.
Death is that angelic farm girl
gored by the bull on her way home
from school, crossing the pasture
for a shortcut. In the seventh grade
she couldn’t read or write. She wasn’t a virgin.
She was “simpleminded,” we all said.
It was May, a time of lilacs and shooting stars.
She’s lived in my memory for sixty years.
Death steals everything except our stories.
***
Jim Harrison (né en 1937) – A la recherche des petits dieux (In Search of Small Gods, 2009) – Traduction de Maureen Monaham