Invitée dans le cadre de la Biac, Inès Tolentino était en résidence en Martinique ces deux dernières semaines d’octobre dans le cadre d’un workshop avec la dynamique association Couleur PABE présidée par Michèle Arretche.
Le public pourra découvrir ses œuvres sur trois sites distincts :
A Saint – Pierre, à l’angle des rues Victor Hugo et Petit Versailles, avec une intervention urbaine Le Souffle dans un bâtiment en ruines.
Le Souffle
Saint – Pierre
Vidéo de Michèle Arrteche : Le souffle d’ Inès Tolentino – Saint-Pierre- Workshop avec le PABE.
Aux Trois Ilets, à Toutkoulè, avec une exposition individuelle, Habitées, du 31 octobre au 20 novembre.
Exposition Habitées
Aux Trois Ilets, au Musée de la Pagerie, avec l’installation in situ, la Forêt des archipels, étape d’un itinéraire de visite de six œuvres, in situ et street art.
La forêt des archipels
Trois Ilets
Originaire de République Dominicaine, Inès Tolentino a suivi les cours des Beaux – arts de Santo Domingo avant de rejoindre les Beaux – Arts de Paris et l’Ecole Saint – Charles où elle a brillamment décroché un DEA puis une thèse en ethno –anthropologie sur les objets de culte des régions syncrétiques. La participation à des Salons comme ceux de Montrouge et de Bagneux, notamment dans le secteur Grands et jeunes d’aujourd’hui qui associait artiste confirmé et jeune artiste, ont participé à son insertion professionnelle à Paris où elle vit et travaille aujourd’hui, sans pour autant perdre tout contact avec son île natale puisque c’est la galerie Lyle O. Reitzel de Santo Domingo qui la représente.
L’installation Le Souffle – souffle du volcan, souffle de vie- répond à la thématique de la Biac, la résonnance du cri littéraire dans les arts visuels, puisqu’elle reprend des extraits de textes d’auteurs, Aimé Césaire, Daniel Maximin, Alejo Carpentier, Dany Lafférière sur les catastrophes naturelles, la fragilité de la vie, peints en rouge sur des panneaux de bois alors qu’ à l’étage, respire l’or des couvertures de survie animées par le vent, métaphores de la résilience.
L’exposition Habitées comme l’installation La forêt des archipels développent un thème récurrent de la démarche d’Inès, autour des principaux clichés sur la femme, la broderie, les fleurs, le délicat papier peint mais pour montrer l’envers du décor, la violence sous la préciosité et l’apparente douceur. Les toiles déclinent le motif de la robe, tout en délicatesse, transparence et dentelles mais associées à l’eau, aux épines, au serpent, à la forêt pour évoquer l’extase amoureuse ou l’extase religieuse. Le cœur, effectivement brodé au petit point par Inès sur la toile peinte, est tour à tout Sacré cœur de Jésus et cœur en damier d’Erzulie.
Exposition Habitées
détail
un coeur brodé sur toile
La robe devient forêt d’épines … La robe devient personnage…
Même si les tableaux sont indépendants les uns des autres, ils sont souvent agencés en triptyque car Inès aime décliner les variations d’un même sujet.
Au Musée de la Pagerie, la robe peinte devient volume, sur une structure métallique rouge plantée sur un rectangle de charbon de bois et cernée par une cinquantaine de mains en bois peintes en rouge, écho à des créations picturales antérieures de la série Dans tes mains.
Croquis préparatoire de l’installation
Les croquis de préparation permettent d’approcher l’essence même du travail in situ, l’adaptation permanente de la création au lieu, l’écart entre le projet et la réalisation, le nécessaire ajustement du travail de l’artiste. Œuvre éphémère, conçue en fonction du lieu, obligatoirement différente si elle est par la suite recréée dans un autre lieu, la robe initialement prévue pour être suspendue comme la forêt de bois flottés qui l’entourent se retrouve finalement ancrée au sol.
Croquis préparatoire
D’une élégante sensibilité, l’oeuvre d’Inès, raffinée et subtile, retient par sa beauté même si le message est cruel : féminité et souffrance se conjuguent. Des toiles à l’installation, des mains multipliées, des couronnes d’épines, le serpent – de la tentation biblique ? – emprisonnent la robe coquette et ravissante, virtuellement instrument de torture lorsqu’elle se transforme en tutu d’épines.
Exposition Habitées
Dominique Brebion