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Ecotaxera-t-on la manipulation politico-médiatique ?

Par Alainlasverne @AlainLasverne

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l'heure où le parti du putchiste Copé cotise en vue d'acheter les bonnets rouges d'une ancienne révolte populaire pour cacher un flash-mob patronal ou s'engluent quelques ouvriers complètement abusés, on voit des cadors du politichiennement correct venir prophétiser sur les plateaux du barnum France-Télévisions.

Ainsi, les Le Maire et autres sages résidant à plein temps de la citadelle électorale, se lancent-ils dans la prédiction sa ns filet et sans gêne aucune d'être juge et partite.  La fin de la politique est avancée, le dispartion du pouvoir en place est actée,  l'éclatement du pays programmé, jurent-ils, des larmes plein les yeux, enfonçant encore le « débat public » dans la pantomime et la com les plus dépourvues de sens, avec bien sûr le concours de la race à genoux qu'on appelle journaliste télé.

Toutes contorsions et grimaces censées aider à la compréhension des enjeux de l'écotaxe, de la nature des protagonistes et de la portée réelle de cette mesure.

Il est vrai que la légitimité de la mesure mérite d'être interrogée. Faut-il taxer des entrepreneurs qui n'ont rien à cirer de l'intérêt général et balancent leurs esclaves avec un volant dans les mains pour une centaine d'heures par semaine ? Chacun dans un véhicule dont le plus gros souci est justement de cramer du gasoil à fond les manettes pour remplir la caisse des petits managers bretons à l'esprit patronal brut de chez Medef, largement résumable par la formule « après moi, le déluge ». C'est une question existentielle pour un homme de gauche, n'est-il pas, que de savoir si on va taxer un patronat qui – hormis les petits transporteurs, espèce bientôt protégée par le WWF – pollue sans soucis, exploite sans remords et se goinfre sans coup férir, alors que même l'Usine à Mutiler le Politique avait donné son aval, à l'époque d'Is No Good, pour pomper un peu de blé dans la poche de ces grands idéalistes à chapeau rond ?

D'autant qu'on a là le début de la Révolution Verte, ni plus ni moins, pensait Cohn-Bendit quand il brandit ses petits poings serrés dans une chemise Armani spécialement lacérée et vieillie façon 68 – sur une idée de Jean-Paul Gautier – pour brâmer combien c'était vraiment minable et même dégeulasse de ne pas aller au bout de l'écotaxe.

De l'appliquer, donc. Précision utile, en ces temps étranges ou 30% des lois votées ne sont pas appliquées. Et même certaines ne vont pas au bout du concept et finissent dans les Sargasses des textes existants plus ou moins, mais jamais mis à l'ordre du jour. Je pense au référendum d'initiative citoyenne, par exemple. Bon, c'est vrai que pour s'offrir un referendum pareil il faudrait trouver un million de signatures. C'est vrai qu'ensuite l'Assemblée aura l'obligation de non pas voter et appliquer la demande exprimée par le référendum, mais de la mettre à l'ordre du jour. En attendant l'absentéisme, la pluie, une bouffe entre copains, tous impondérables vidant l'hémicycle ou faisant dormir les présents.

Revenons à notre icône, soixante-huit ans plus tard. C'est beau un homme dressé, et bien mis, face à l'adversité, pour un combat de géant, là-bas ou Mordor fabrique de la pollution et plein de machins qui sont vilains pour la planète. Que la force soit avec toi, Dany !...

Il ne peut y avoir de délai et de transigeance avec les in et les autres, quand on mesure l'incalculable portée de l'écotaxe.

Nul doute que l'armée à micro qui a sauté sur la Bretagne, la foultitude de politiciens la serviette encore nouée à la cravate, et le contingent d'experts auto-customisés, missionnés par le PAF pour décortiquer le blem, ont tout à fait compris qu'il y avait là une rupture potentiellement irréversible de la dynamique sociétale, un paradigme spécial dans l'anthroposcène, une aporie en termes d'entendement du devenir de l'espèce.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes, lors que les mots se roulent dans l'approximatif, le fugace et l'à peu près. 750 millions d'euros. On attend chaque année 750M d'euros de l'écotaxe !...(didascalie : Mme Michon saute sur son mari et l'embrasse ; résonne au loin l'instru de Stand by me).

Je saisis une tomate, relativement pas fraîche, espagnole par sa mère et la balance sur l'homme-tronc officiant au J.T de la télé que j'ai l'habitude de dormir devant.

750 millions de pater et autant d'ave suffiront-ils à laver des consciences cette mascarade qui renvoie Colin Powell chez les scouts d'Europe ?...Sans doute pas, la foi a perdu beaucoup de clients ces derniers temps  Mais plus c'est gros plus ça passe, comme dit toujours Guérini.

Rappelez-moi. Combien a touché notre ami Nanar, le roi de l'entreprise achetée en soldes, désossée et revendue au prix de la tonne de coke ?

Rien que pour lui, ses croissants et sa femme de chambre, 285 millions d'euros, en 2008. Un seul jugement d'un seul affairiste opposé à une officine bancaire. Faut-il préciser que ça fait déjà plus d'un tiers de l'ensemble, du total, de tout ce qu'est censée rapporter l'écotaxe. Ce, si l'on oublie l'intelligence prostituée des avocats, des comptables et autres actuaires qui vont dénaturer l'historique d'activité des transporteurs, relifter les livres de compte et envoyer l’État au tribunal pour un oui pour un non...

Quel a été le bénéfice net de la Société Générale en 2012 ?...

Ahem, c'est-à-dire qu'il faut dire qu'il ne va pas si bien qu'avant et que les mauvais procès d'intention fait à une profession aussi sensible que soucieuse de l'intérêt général a provoqué un spleen existentiel, une espèce de mélancolie devant cet argent acquis pourtant avec un travail aussi honnête que patient.

L'exercice 2012, à vrai dire, a été calamiteux. Nous avons perdu 67% de nos bénéfices par rapport à l'année précédente. Tragique. Demain, à l'aube, je partirai en vacances, au pays où les banquiers vont en vacances. Des logements sociaux ? Là-bas ? Il n'y a pas, mais nous pouvons étudier un modèle de rentabilité en croisant l'espérance de vie, la nature des matériaux, l'impact de l'assistanat, et élaborer une ligne de crédit, titriser la chose...

En attendant, 774 millions d'euros, voilà tout ce que nous a laissé le laxisme général des gouvernements. L'an dernier, nous dépassions les 2 milliards d'euros de bénéfices, c'était tout de même une autre époque, n'est-il pas ?!...

Une nouvelle fois, la montagne politico-médiatique a accouché d'une souris transgénique. Nous ne savons ni l'importance réelle de l'écotaxe, ni qui la veut ou pas, et encore moins quelle juste place il faut donner à ce storyttelling dans la réelle, globale et angoissante dérive de notre société.


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