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Approche de la mort avec Stéphane Allix

Publié le 02 novembre 2013 par Eric Acouphene
Approche de la mort avec Stéphane Allix Le 12 avril 2001, mon frère Thomas est mort sous mes yeux dans un accident de voiture en Afghanistan. Cela a transformé la curiosité intellectuelle que j'avais vis à vis de la mort -et qui m'avait poussé à devenir reporter de guerre- en une interrogation vivante qui traverse tout mon être.
Notre société vit dans une irréalité de la mort qu'elle essaye de mettre le plus loin possible de notre quotidien. Mais quand une mère, un frère, un ami meurt, cette réalité fait irruption dans votre vie. Et face à ce gouffre, que faites-vous ? Jusqu'ici des structures -entre autres religieuses-, nous accompagnaient dans ce processus, mais aujourd'hui notre société laïque refuse toute interprétation. On a jeté les aides «à penser la mort». Chacun est seul pour penser la sienne, celle de ses proches et s'y préparer. "Tout ce qui compte dans une vie », disent les indiens Navarros, « c'est la façon dont on va mourir". C'est aussi ce que disent les psychologues. Je crois que si j'intègre le fait que je vais mourir, que je commence à y réfléchir pour y penser plus sereinement, j'aurai moins peur...

...Ce que je sais, c'est que ma recherche spirituelle s'est trouvée enrichie par mon parcours, je n'ai plus le même rapport à la mort, je l'envisage avec plus de sérénité. La vie ne s'arrêtera pas avec elle. Cette intuition s'est imposée dans les minutes qui ont suivi la mort de Thomas et s'est trouvée renforcée par mon enquête depuis dix ans. C'est ce genre d'intuition, d'expérience directe, de «grâce» qui, comme celle de St Paul sur le chemin de Damas, vous transforme, vous fait pénétrer par quelque chose de plus grand...

...C'est extraordinaire... Je ne suis pas un grand consommateur de rites, mais je me retrouve dans l'expérience spirituelle. J'ai vécu des expériences transcendantes dans une église, dans des mosquées en Afghanistan, un temple bouddhiste au Tibet. Je crois que chaque religion permet ces contacts. Je crois aussi qu'il faut risquer sa liberté. Cette interrogation sans fin sur la mort m'a appris qu'il n'y a pas de réponse. Être sans certitude me met dans un rapport d'ouverture, de partage des questions.
Stéphane Allix 
(source : La Vie)

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