J’ai le privilège d’accueillir aujourd’hui sur mon blog Jean-Claude Heudin (voir sa page Wikipédia). Il est le directeur de l’Institut de l’Internet et du Multimédia. Il est également l’auteur de Les 3 Lois de la Robotique aux éditions Science-eBook, un ouvrage dont je recommande la lecture à tous les passionnés de robots et d’Asimov.
Les 19 et 20 octobre, j’étais l’un des auteurs invités au festival ScientiLivre à Labège près de Toulouse. Sur la table de dédicace qui m’était réservée, j’avais mes livres publiés chez Odile Jacob, mais se posait la lancinante question de mes écrits numériques. En d’autres termes, comment « matérialiser » des livres numériques lors d’un salon ou d’une séance de dédicaces ?
Cette question ne se pose évidemment pas pour les livres qui existent à la fois en numérique et en format papier traditionnel, mais pour les auteurs autoédités et les éditeurs « pure players », c’est une toute autre histoire… Il existe plusieurs solutions, non exclusives les unes des autres, mais chacune avec son lot d’avantages et d’inconvénients :
1. Présenter son livre numérique sur plusieurs tablettes et liseuses : c’est l’assurance d’attirer l’attention, mais le danger est celui d’une focalisation du public sur le matériel plutôt que sur vos œuvres. Vous vous retrouvez rapidement dans le rôle du conseiller expert en tablettes et autres liseuses…
2. Mettre à disposition des flyers, des marques-pages, des cartes de visite, affiches et autres documents papiers : c’est l’option que j’ai retenu pour ScientiLivre. C’est surtout le marque-page qui a bien fonctionné, au sens où le public le prenait spontanément. Cela peut paraître a priori étrange de proposer un marque-page pour des livres numériques mais, en fait, les lecteurs de livres numériques sont aussi des lecteurs de livres papiers. Mon marque-page était doté d’un qrcode pointant judicieusement vers la page pour acheter mon livre. L’inconvénient majeur est que, normalement, dans un festival ou une séance de dédicaces, le public achète les livres sur place alors qu’avec cette solution, l’acte d’achat est décalé et donc beaucoup plus aléatoire…
3. Proposer un tirage limité sur papier du livre : avec la possibilité de réaliser des tirages à des coûts attractifs, cette solution présente l’avantage de résoudre le problème de la vente directe et de la dédicace. Elle nécessite néanmoins un investissement dont le risque doit être soigneusement évalué. Attention également à avoir l’autorisation du libraire si vous êtes son invité…
4. Associer le livre numérique à un objet « collector » : cette solution est une déclinaison de la précédente où l’on remplace le livre papier par un objet en série limitée symboliquement associé au livre. Il peut s’agir, par exemple, d’une figurine représentant le héros de votre histoire. Là encore, il s’agit de bien étudier la rentabilité d’une telle opération qui demande un investissement financier non négligeable.
J’ai rapidement réalisé lors de ScientiLivre que j’étais quasiment le seul à proposer des livres électroniques… En fait, le principal problème provient du faible taux de pénétration du marché du livre numérique en France. Nous sommes encore dans une période d’évangélisation alors que, dans d’autres pays, les lecteurs sont majoritairement passés au numérique (sans pour autant abandonner les livres traditionnels). Lorsque le marché sera dans une phase plus favorable, d’autres solutions deviendront vraisemblablement possibles comme par exemple proposer des cartes d’achat permettant de télécharger le livre ou bien une série limitée du livre numérique avec dédicace électronique. Il est en effet possible de développer une application qui permette de signer une page et de l’insérer ensuite dans le livre, ou bien, avec ePUB3, une page spécifique développée en HTML5 autorisant la même fonctionnalité.
Auteur : Jean-Claude Heudin