GOUDINEAU, François, Regard
sur la Gaule. Actes Sud, 2007. Un recueil d’articles sur la Gaule et sur
quelques-uns de ceux qui ont écrit sur elle. Comment dire quelque-chose d’à peu près juste d’une société
sur laquelle nous avons si peu d’informations ? La question principale que
pose ce livre est peut-être celle de la rigueur scientifique. Difficile d’en
faire preuve quand le sujet nous touche d’aussi près. François Goudineau semble
vouloir donner une leçon sur l'art de l'enquête. Parmi les nombreuses questions abordées (la forme des cartes romaines, l'origine de Lyon, l'art gaulois...), voici ce qui m'a le plus intéressé. En bref.
La Gaule a très tôt
subi l’influence extérieure. En particulier celle de Rome et de la Grèce (Marseille était une de ses plus prestigieuses colonies grecques). Et
cela du fait d’échanges économiques. Mais aussi parce que les Gaulois, souvent
mercenaires, parcouraient le monde. Et parce que l’on appelle Rome quand on craint
quelque envahisseur. D’ailleurs les chefs gaulois, qui se révoltent avec
Vercingétorix, ont tous plus ou moins fréquenté le monde romain. Et la guerre
contre César divise les Gaulois.
A ce sujet, Vercingétorix a été plus qu’un faire valoir pour
César. Bien conscient des points faibles de l'armée gauloise, il a cherché à tendre
des pièges à César. Il s’en est fallu de peu qu’il réussisse. Curieusement, il
se pourrait que Vercingétorix ait fait la gloire de César. En effet, il
lui a apporté une grande victoire. Alors que jusque-là la guerre des Gaules s’enlisait.
Mais que serait-il arrivé si César avait perdu ? N’était-il pas dans le sens de l’histoire que la Gaule rejoigne Rome ? Les Romains pensaient d'ailleurs que la culture gauloise se prêtait à la civilisation. Ce qui n’était pas le cas de celle des Germains.
Les Gaulois ont abandonné leur langue et leurs traditions. Mais
ils ne semblent pas s’être totalement romanisés ou intégrés. Peut-être se
sont-ils contentés de prendre ce qui leur plaisait chez les Romains ? En
tout cas, ils ont conservé une forme d’urbanisme et d’habitat qui leur est propre.
Et leur élite ne semble pas avoir été séduite par les lumières de Rome. Elle
préférait rester chez elle.
Quant à une nation gauloise, elle n’existe pas. Le Gaulois
était attaché à sa « cité ». Rien de plus. Cependant, la façon dont
César décrit les motivations des chefs gaulois, qui se soulèvent contre lui, c'est-à-dire
la liberté ou la mort, il est difficile de ne pas les trouver très français… Et
ce dans leurs divisions mêmes.