Ainsi naquit le père Noël

Publié le 01 novembre 2013 par Lonewolf

Cette histoire commence à une époque depuis longtemps oubliée. Ce que nous appelons légendes de nos jours existaient bel et bien. Fées et lutins n’étaient certes pas courants mais on pouvait encore les croiser dans la nature de temps à autre. Dans le Nord de l’Europe vivait un brave homme du nom d’Einhart. Il vivait dans un petit village de pêcheurs et de chasseurs. Subvenant aux besoins de sa famille en chassant principalement. Les hivers étaient longs et rudes et le gibier venait à manquer. Aussi avait-il appris à utiliser son temps pour fabriquer des objets en bois. Il avait même un certain talent, de sorte qu’on lui demandait parfois de construire meubles ou outils pour la communauté. Sa vie était rythmée par sa fille de 3 ans et son épouse qui était tombée enceinte peu avant l’hiver.

Cette année-là, l’hiver était plus rigoureux encore que les autres années. La nourriture venait à manquer et le froid était si rude que sortir était une torture. Un blizzard glacé recouvrait la région, et les villageois ne récoltaient qu’engelures et morts depuis des jours. Einhart qui fabriquait un cheval à bascule pour sa première née fut appelé par les hommes du village pour se joindre à eux. Un troupeau de rennes avait été aperçu plus loin au Nord aux abords des limites de leur territoire de chasse et ils s’apprêtaient à se lancer à leur poursuite pour nourrir le village.

Bien conscient des besoins de la communauté et de sa famille Einhart se joignit au groupe non sans promettre de faire très attention et de revenir vite. Les abords du village étaient difficiles et la météo accentuait le danger au plus haut point. Le groupe de chasseurs épuisé approcha de l’endroit où devait se trouver le troupeau. Mais pris dans une tempête terrible ils se trouvèrent séparés et Einhart tomba dans une crevasse où il perdit connaissance.

Les lutins se méfiaient des hommes et ne leurs apparaissaient jamais dans des circonstances normales. Mais ce jour-là, un lutin qui passait près de la crevasse entendit les gémissements et s’approcha. Pris de pitié pour ce pauvre homme moribond, il s’approcha et lui apporta soins et nourriture. Lui parlant et l’aidant à reprendre des forces venant jour après jour auprès du pauvre homme. Einhart lui demanda s’il avait vu ses compagnons, mais à sa grande tristesse le lutin lui avoua qu’il avait entraperçu plusieurs corps disséminés dans les environs, certains morts d’épuisements, d’autres de froid, les derniers tombés dans des endroits inaccessibles où ils avaient succombés. Einhart repris des forces grâce au soin du petit être sans se rendre compte du temps qu’il avait passé dans cette crevasse abritée du vent et du froid. Mais un jour le lutin lui proposa de sortir car il était désormais guéri de ses blessures.

Einhart qui n’était plus habitué au soleil mis du temps à s’habituer à la clarté qui inondait la plaine verdoyante. Ne sachant depuis quand il était prisonnier il fut pris de panique et demanda au lutin de l’aider à retrouver son village. Pendant sa convalescence il avait tellement parlé de son village au lutin que celui-ci lui demanda s’il pouvait l’accompagner. Einhart reconnaissant des soins prodigués accepta en retour cette étrange demande et ils partirent donc en direction de celui-ci.

Mais lorsqu’ils arrivèrent au village tout n’était que mort et désolation. Le froid semblait avoir quitté depuis peu la vallée et une tempête avait ravagé les maisons. Les murs qui tenaient encore debout n’avaient pas suffi à abriter les habitants restés au village. Il ne restait presque rien et à mesure qu’il se rapprochait de sa propre demeure les larmes commençaient à monter se figeant au bord de ses yeux avant de commencer à couler le long de ses joues.

De sa femme il ne vit que la main bleuit par le froid et la mort. Quant à sa petite fille il la découvrit comme endormie une main sur le cheval qu’il n’avait pu lui terminer avant de partir. Einhart s’assit et se promis de se laisser mourir là.

Le lutin qui avait compris la détresse du pauvre homme s’installa un peu plus loin et subvint à ses besoins à son insu grâce à ses pouvoirs magiques. Quand Einhart compris que la mort ne voulait pas de lui il nettoya le village, enterra les corps et réunit les quelques outils qui restaient utilisables. Puis s’éloigna sans un regard en arrière. Le lutin qui l’accompagnait lui proposa de rejoindre son propre village, mais l’avertit que s’il l’accompagnait, il vieillirait sans que la mort jamais ne puisse venir le chercher.

Einhart sonné par la tragédie qu’il venait de traverser accepta sans réfléchir la proposition du lutin bienveillant et le suivit. Sur place le lutin lui demanda à quoi servaient les outils qu’il avait emportés et lui suggéra de les utiliser forçant ainsi Einhart à se concentrer sur autre chose que ce qu’il venait de vivre. Celui-ci se prit au jeu et se mit à fabriquer un cheval à bascule qu’il termina. Puis un petit train en bois, une marionnette, une poupée… Nourri par la communauté et obtenant la matière première par les lutins il constitua une réserve de plus en plus conséquente. Tant et si bien que les lutins finirent par ne plus savoir que faire de tous les objets accumulés.

Réunis en conclave ils décidèrent d’utiliser leur magie et donnèrent envie à Einhart d’aller distribuer ses jouets aux enfants des environs. Une fois qu’il eut terminé, Einhart revenu au village se remit de plus belle au travail. Fabricant de plus en plus rapidement des jouets de plus en plus divers. Les lutins émerveillés par son travail se mirent à l’aider. Trouvant dans cette occupation une nouvelle raison de vivre eux qui avaient toujours évité les humains et avaient pris l’habitude de vivre reclus dans leur village.

Ainsi chaque année comme ils n’avaient qu’une notion très relative du temps, lorsqu’arrivait la date où Einhart était arrivé dans leur village, les lutins utilisant leur magie lui suggéraient d’aller les offrir. Mais le nombre des objets augmentant ils devaient aller de plus en plus loin pour écouler entièrement la production.

Einhart était tellement occupé qu’il ne pensait plus à pleurer sur son sort. Et au contraire il voulait fabriquer de plus en plus de jouets pour aller les offrir de plus en plus loin. Les lutins qui admiraient son travail le nourrissaient plus que de raison et notre chasseur prenait de l’embonpoint à mesure des années qui passaient.

L’homme qui avait chamboulé toute l’organisation du village devenait de plus en plus important aux yeux des lutins qui usèrent de toute leur magie pour l’aider dans son entreprise. Ils lui fabriquèrent un moyen de transport, l’aidèrent à la fabrication, lui réalisèrent un costume chatoyant pour qu’il soit vu et reconnu et se mirent à son service dans une ambiance chaleureuse. Eux qui ne connaissaient pas le rire, l’apprirent à son contact et devinrent aussi essentiels qu’Einhart à la réussite du jour particulier que représentait la tournée de distribution des cadeaux aux enfants du monde entier.

Et voilà toute l’histoire de cet homme qui perdit sa famille mais gagna l’amour de tous les enfants de la terre qui chaque année l’attendent impatiemment.