revendiquer une fausse inutilité

Publié le 01 novembre 2013 par Anh2

On me demande souvent "à quoi servent les Breizh Kokeshi ?" , quelle en est l'utilité ? OUi, A quoi sert un morceau de bois tourné pour en faire une figurine peinte, à quoi sert de porter son regard sur une forme, sur un détail consciemment travaillé issu d'une recherche en amont sur l'identité, sur des us vestimentaires que j'ai essayé de synthétiser ? à quoi sert d'imaginer, de laisser s'évader l'esprit pour celui/celle qui crée et ensuite pour celui/celle qui appréhende l'objet ? vaste sujet que des penseurs ont décortiqué bien avant le chaland déçu de l'inutilité domestique (voir ICI une réflexion autour de "la part de l'art dans la constitution d'un monde commun d'apparence" -Hannah Arendt). Qu'une production artistique serve à une satifaction désintéressée est déjà un sacré pari, non?

observer un enfant absorbé dans son jeu, recréant par la force de son imagination une comédie liliputienne, qui met en scène une foule avec déplacement dans l'espace (recherche chorégraphique) et effets sonores (dialogues, voix off) répond en partie à l'usage si "inutile" de la poupée de collection ou poupée-jouet, ce support gracieux qui semble-t-il aide à réinventer le monde. Pour mémoire vingt siècles avant JC, la poupée  en bois en chiffon en terre cuite était déjà présente comme actefact social en Egypte. L'exposition "Tous des sauvages" de l'Abbaye de Daoulas (été 2013) qui proposait une approche sur la Différence et la représentation que nous nous faisons de l'Autre, entamait son circuit de visite par une vaste vitrine de poupées du monde. Alors, doit-on justifier de l'usage d'un objet pérenne qui attire autant la curiosité des petits et de ceux qui ont su garder une part de cette enfance ?

(photo extraite du blog Nouvelle feuille - Poupée égyptienne, vers 500 av J-C, British Museum)

(la poupée objet de recherches pluridisciplinaires Michel Manson)