Grace Ravlin (1873–1956), Femmes au cimetière de Tanger. (C) RMN-Grand Palais (Château de Blérancourt) / Gérard Blot
Alors Almira parla, disant, Nous voudrions maintenant vous questionner sur la Mort. Et il dit: Vous voudriez connaître le secret de la mort. Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie? La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière. Si vous voulez vraiment contempler l'esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l'océan sont un.
Dans la profondeur de vos espoirs et de vos désirs repose votre silencieuse connaissance de l'au-delà; Et tels des grains rêvant sous la neige, votre cœur rêve au printemps. Fiez-vous aux rêves, car en eux est cachée la porte de l'éternité. Votre peur de la mort n'est que le frisson du berger lorsqu'il se tient devant le roi dont la main va se poser sur lui pour l'honorer. Le berger ne se réjouit-il pas sous son tremblement, de ce qu'il portera l'insigne du roi? Pourtant n'est-il pas plus conscient de son tremblement?
Car qu'est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre au soleil? Et qu'est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu'il puisse s'élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves?
C'est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment. Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter. Et lorsque la terre réclamera vos membres, alors vous danserez vraiment.
Khalil Gibran, Le prophète *** Ceux qui préfèrent le noir, c'est par ici