Concours et emploi en Corée

Combien de temps prenez-vous pour faire votre C.V.?

Ces jours-ci, il y a moins de places sur le marché de l’emploi que de personnes en recherche. Donc le C.V., qui est la première étape, prend une place de plus en plus importante.

Les jeunes Coréens qui s’apprêtent à finir leurs études préparent leurs C.V. pendant 1 ou 2 années en moyenne, parce que l’on doit obtenir des diplômes et beaucoup de certifications comme les diplômes qui confirment le niveau en anglais (TOEIC, Test of English for International Communication, OPIC - ce diplôme ne prouve que le niveau à l’oral), ou bien le diplôme du DELF, le certificat d’informatique etc. La plupart des entreprises privées préfèrent des personnes qui ont plusieurs expériences, alors les étudiants coréens participent à un maximum d’activités (par exemple, participer au BIFF en tant que staff; ou à des concours à l’université).

Les universités proposent des cours à leurs étudiants afin d'apprendre la manière d’écrire son C.V. et de rédiger sa présentation. Et on s’exerce ensemble en simulant des entretiens d’embauche avec les questions qui reviennent couramment dans les entreprises. Quelques personnes ajustent leur voix pour donner une bonne première impression lors de l’entretien. Et pour la même raison, les jeunes soignent leur allure, quand ils se font photographier pour la photo d’identité du C.V.

Voilà le modèle du C.V. coréen :

Il est presque toujours fixé. Alors on écrit son C.V. en suivant ce modèle.

Dans sa présentation, on décrit tout son parcours de vie (l’enfance, l’adolescence, pendant l’université etc.), son caractère, ses qualités et ses défauts, ses compétences, l’adage qui dirige sa vie et pourquoi on sollicite un emploi dans cette entreprise, avec ses motivations. Ce sont les éléments qui reviennent le plus souvent, mais le contenu de la présentation peut changer un peu en fonction des personnes.

Le SSAT, le « deuxième baccalauréat » coréen (Samsung Aptitude Test)

Bien que Hyun-dai, LG, SK et CJ soient de grandes entreprises coréennes, Samsung est toujours l'entreprise préférée des étudiants pour la recherche d'emploi. Ils veulent y travailler parce que Samsung représente la Corée et en plus, ses employés reçoivent un salaire plus élevé qu'ailleurs.

Il y a beaucoup de Coréens qui boycottent les produits Samsung, mais pourtant, chaque année, il y a de plus en plus de candidats postulant pour entrer dans cette grande entreprise. Cette année, du 23 au 27 août, il y a eu environ 100 000 personnes (660 000 pour le Bac en 2012) qui ont posé leur candidature pour un emploi chez Samsung. Samsung donne l'occasion à tous de passer le SSAT. Le 13 octobre 2013, environ 90 000 personnes l’ont passé à Séoul, Daejeon, Busan ; mais aussi, pour les Coréens vivant à l’étranger, à New York aux Etats-Unis, Toronto au Canada etc...

A gauche, les candidats sortant du lieu d'examen. A droite, les manuels.

Ce concours se déroule en deux parties : l’une est un test d'aptitude en langue, en mathématiques et sur l’actualité; l’autre est un test de personnalité. L'examen dure au total 130 minutes, sans pause. Chaque salle d'examen accueille 30 candidats et 2 inspecteurs (qui sont des employés de Samsung en exercice). Afin de surveiller l'examen, Samsung en a placé près de 5 000 cette année. Tous les appareils électroniques et les portables étaient confisqués à l’entrée de la salle d’examen. On ne pouvez passer le SSAT que 3 fois.

Puisque c’est un concours très difficile, il y a des instituts privés qui donnent des cours spéciaux, uniquement dans les grandes villes. Sinon, les étudiants créent des petits groupes d’étude à l’université afin de se préparer au concours et à l’entretien. Ils se réunissent pour résoudre des problèmes de mathématiques, avec les manuels de SSAT. Souvent, ils organisent chaque semaine des simulations individuelles d'entretien, se filmant pour revoir et améliorer leur manière de parler et leur attitude corporelle.

Une fois que vous réussissez au SSAT, ce n'est pas fini ! Vous devez encore écrire une rédaction libre d’environ 3000 mots dans les deux jours suivants. Après, vous passez un entretien d’embauche à partir de la fin octobre et un mois plus tard, vous recevez enfin le résultat final. Le groupe de l'entreprise de Samsung va embaucher environ 5 000 nouveaux employés à la fin décembre 2013.

L’examen pour devenir fonctionnaire

Devenir fonctionnaire est aussi un des choix privilégiés des jeunes. Selon les résultats de certaines enquêtes récemment faites, trois étudiants sur cinq s'intéressent à ce concours. En plus, aujourd’hui, même des écoliers veulent devenir fonctionnaires. Le nombre de candidats à cet examen a dépassé le cap des 450 000 cette année.

Beaucoup de gens souhaitent ainsi choisir cette voie parce que les débouchés se réduisent à cause de la dépression économique et que, pour devenir fonctionnaire, il n’y a qu’à réussir un examen, sans avoir à se soucier de l’université, de l’apparence, des certificats de qualification, du curriculum vitæ, etc. Mais la raison majeure est que les fonctionnaires ont la stabilité de l’emploi. Ils obtiennent aussi une pension après leur retraite. En outre, il y a quelques personnes qui veulent ce type d'emploi banalement, sans raisons apparentes.

Il y a plusieurs types de fonctionnaires : de cinquième, septième et neuvième classe, fonctionnaires du Service National de Renseignements, fonctionnaires civils, pompiers, fonctionnaires de police, etc par concours. En général, quand on parle de l’examen de la fonction publique, cela signifie le concours du fonctionnaire administratif de neuvième classe. Le plus grand nombre de personnes se présente à cet examen.

Les fonctionnaires de neuvième classe s'occupent des affaires administratives dans chaque organe gouvernemental. Ils sont classifiés en trois groupes : les postes nationaux qui travaillent dans les ministères et les services du gouvernement, les postes à Séoul, et les postes régionaux (dans les collectivités communales comme les mairies ou les bureaux administratifs d’arrondissements). L’examen écrit a généralement lieu entre avril et juin. Il faut passer trois matières obligatoires (le coréen, l’anglais, et l’histoire de Corée) et deux matières facultatives (parmi lesquelles le droit administratif, l’administration publique, la sociologie, la science, les mathématiques). L'examen pour chaque sujet se compose de vingt questions à choix multiples.

Les catégories d’âge des personnes qui préparent ce concours sont diverses : des jeunes fraîchement émoulus du lycée aux diplômés d’universités réputées, parce que toute personne de plus de dix-huit ans peut s'y présenter, sans distinction d'âge ni de sexe. Dernièrement, on y trouve aussi des étudiants en deuxième ou troisième année qui suspendent momentanément leurs études. Ils étudient généralement en institut privé ou en ligne.

Le quartier de Noryangjin 노량진, situé à Dongjack-gu (Séoul), est un lieu de forte concentration de candidats, parce que s’y trouvent 482 instituts qui préparent à toutes sortes de concours, dont ceux de fonctionnaires. Quelques dizaines ou plusieurs centaines de personnes suivent les cours, assis sur une petite chaise du matin au soir. En général, ils vivent seuls dans un très petit studio et ne se font pas d’amis parce qu’ils pensent qu'à part étudier, tout le reste est inutile. La plupart des étudiants remplacent un repas complet par un Cup-Bab 컵밥 (riz sauté mis dans un gobelet en papier) afin de gagner du temps. Ca ne coûte pas cher, les vendeurs de rue les servent à environ 2,500 won. On peut fréquemment voir de futurs candidats fixer leur cahier de vocabulaire ou leur livre tout en mangeant. Un pharmacien de Noryangjin a déclaré : « Un grand nombre de candidats achète des médicaments pour la digestion à cause du stress chronique et des gouttes pour les yeux à cause de la sécheresse oculaire ».

A gauche, une salle de cours d'institut privé. A droite, le Cup-Bap

Comme cela, les jeunes d'aujourd’huicourent avec ardeur vers leurs rêves. On souhaite que tous puissent en rire plus tard, le plus vite possible.