Magazine
“Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres.” Voltaire
Bruxelles, 25 octobre 2013.
A une époque où les sommets européens préfèrent modifier l'ordre du jour pour régler les affaires de qui écoute qui sur le gsm de sa voisine depuis l'outre-Atlantique, me voilà les doigts sur le clavier, la tête encore dans mon concert d'hier, pour vous parler de liberté, de partage, de confiance, d’égalité. Paradoxal. Un rendez-vous des défenseurs des droits humains, des agitateurs de réflexion, des brasseurs de diversités, c’est bien ce qui est mis en avant par le FESTIVAL DES LIBERTES.
Notre liberté nous est précieuse, elle est légitime et mérite d'être protégée, défendue et donc d'être mise à l'honneur. C'est dans cet esprit que se tenait à Bruxelles du 17 au 26 octobre un festival riche en musique, théâtre, expo, films et débats, le tout éclairé à la lumière de la conscientisation. Malgré l'hypersociabilité et la multiconnectivité, conséquences directes du développement d'Internet et de ses réseaux, les esprits semblent tendre vers un certain individualisme plutôt que vers une sensibilisation à la citoyenneté. Dans la capitale de l'Europe, il fallait bien ça. Voilà qui est fait, et de belle manière.
Pour être honnête, je n’avais jamais entendu parler de ce festival auparavant, peut-être est-ce parce que c’est la première année que les affiches en rue attirent mon oeil. Archive et autre IAM ont eu bon d’attiser ma curiosité. Ayant déjà eu l'occasion de voir Archive à l'Ancienne Belgique à l'époque de leur album "You all look the same to me" -je sais cela ne rajeunit personne-, j'ai décidé d'être libre et de partir dans l'inconnu musical avec Rokia Traore dont on dit le plus grand bien. Ayant remporté une Victoire de la musique, le moment ne pouvait qu'être de qualité. Allez hop, mon choix est porté, partons pour le Mali, et pas que.
Sartre disait : "L'homme est condamné à être libre", et avant même la venue sur scène de celle que le public attend, un discours démontrant la réelle nécessité de changement social, économique et politique nous rappelle qu'au Théâtre National ce soir, il y a de l'engagement. La liberté est mise à l'honneur. Freeeeeebiiiiird… Ah non, ce n'est pas le même style ce soir. Non.
Arrivée sur scène, Rokia Traore pose l'ambiance. Guitare à la main, petits arpèges et voilà qu'elle nous offre par sa voix douce et feutrée une première chanson traditionnelle malienne. Ne parlant pas le malinké ou le mandengo, je n'ai évidemment rien compris, mais j'ai été pris. Loin. Et cela sera le cas pour chaque titre à l'exception de ceux chantés en français, évidemment. Loin du cliché de la musique africaine, celle qui nous secoue de partout, Rokia Traore partage ce que nous avons moins l'habitude d'entendre, une facette plus proche de la terre, plus profonde, plus intime de ce que l'Afrique possède. Un pied à Bamako, un autre sur le reste du monde, la musique de Rokia Traore jouée avec des instruments traditionnels mais aussi électriques en devient un bel exemple de ce que mélange de culture veut dire. Amateurs de reggae, souk et autre rumba, passez votre chemin, cette artiste n'est pas de ce style-là. Tout comme un seul doigt est inefficace seul, encore une fois cette conscientisation du besoin de l’autre, de solidarité, Rokia Traoré est accompagnée de musiciens non dénués de talent. Mention spéciale pour le guitariste et le joueur d'instrument traditionnel. Rapide, propre, un régal à écouter. Le final fut à la hauteur du concert, plein de vie, de sentiments, les choristes ayant fait leur sortie de scène par quelques danses qui invitent à la fête, au feeling good. Encore et toujours soutenu par une guitare au rythme enjoué et ce, une dizaine de minutes durant. Chapeau.
Beautiful Africa, son dernier album sorti cette année n'a pas encore atterri dans ma discothèque mais nul doute qu'il y viendra et que je partirai pour Bamako une nouvelle fois. Malgré la situation actuelle, on ose dire beautiful Mali.
Nicolas. Le Contacter la rédaction. Commenter .