L’éternité
ne fut jamais perdue.
Ce qui nous a manqué
Fut plutôt de savoir
La traduire en journées,
En ciels, en paysages,
En paroles pour d’autres,
En gestes vérifiables.
Mais la garder pour nous
N’était pas difficile
Et les moments étaient présents
Où nous paraissait clair
Que nous étions l’éternité.
*
Eternity
never was lost.
What we did not know
was how to translate it into days,
skies, landscapes,
into words for others,
authentic gestures.
But holding on to it for ourselves,
that was not difficult,
and there were moments
when it seemed clear to us
we ourselves were eternity.
***
Eugène Guillevic (1907-1997) – Sphère (1963) – Traduction en anglais de Denise Levertov