Avoir envie de se mettre au vert, de relire Kerouac et Armistead Maupin, de monter et de descendre... Un seul remède :go to San Francisco!
Le Golden Gate Bridge. ©V.C.
Il y a New-York à l’est, et San Francisco à l’ouest, deux villes-aimants qui attirent irrésistiblement. C’est un cliché énorme mais vrai : San Francisco, il suffit de dire son nom pour se sentir pousser des ailes, avoir envie de tracer la route, cheveux au vent… Comme dans les romans de Kerouac, inventeur du terme Beat Generation mais qui détestait pourtant qu’on le case dans ce courant.
Dans les années 1950, la Beat Generation d’Allen Ginsberg, Neal Cassady et une poignée d’autres écrivains et poètes a donné un nouveau tempo à la littérature, lui insufflant un vent de liberté. À North Beach, l’écrivain Lawrence Ferlinghetti rode toujours dans la librairie-maison d’édition City Lights, la poésie chevillée au corps. En 2012, il a refusé poliment mais fermement le prestigieux prix Pannonius attribué par le gouvernement hongrois, pour cause de liberté d’expression pas assez libre. L’esprit de la Beat G. n’est pas morte!
De San Francisco, on se souvient de la vague de contestation lors de la guerre du Vietnam, née sur le campus de Berkeley, l’une des plus prestigieuses universités du monde. On y croise toujours des têtes bien pleines de profs, chercheurs et étudiants bronzés, plutôt assagis, même s’il est courant de tomber à l’entrée de l’université sur des jeunes brandissant des pétitions, des vendeurs d’encens aux effluves de patchouli ou des associations vantant les bienfaits du végétalisme. L’esprit peace and love n’est pas tout à fait mort…
Le campus de Berkeley, vu du haut de la Sather Tower. ©V.C.
Les rues de San Francisco
C’est l’une des rares métropoles américaines où il est vraiment agréable de marcher (ok, il y a New-York, aussi). Et puis sillonner la ville et ses collines, ça fait faire de l’exercice. À moins que l’on opte pour le cable car, qui n’est pas un piège à touristes- même s’ils sont nombreux à y grimper- mais quasiment un mode de vie. Rares sont les conducteurs qui ne rentreront pas en conversation avec vous pendant le trajet, à moins que ce ne soit vos voisins, assis sur les bancs de bois ou debout sur le marchepied. Avant de sauter du véhicule encore en marche au milieu des étincelles d’acier qui jaillissent des rails, ils vous auront sûrement donné quelques tuyaux sur la ville ou une adresse de bon resto. Friendly San Francisco!
Le fameux cable car. ©V.C.
Pour visiter la ville tout en faisant une belle balade, on peut se procurer le guide Barbary Coast Trail (8,95$), joliment illustré et racontant toute l’histoire de ce chemin sillonnant le coeur de San Francisco: Union Square, Chinatown, Portsmouth Square qui fut le point de départ de la ruée vers l’or, Jackson Square, North Beach, le quartier de l’Embarcadero donnant sur la Baie, le Fisherman’s Wharf... Le Barbary Coast Trail est reconnaissable par ses plaques de bronze incrustées dans le trottoir et reliant sur 3,8 miles une vingtaine de sites historiques et de musées. Le nom de Barbary Coast Trail évoque la période où l'on enlevait facilement les marins pour piller les bateaux en paix, tandis qu'à l'époque de la ruée vers l’or, c’était l’inverse : il fallait les ramener de force à bord. Les capitaines payaient des hommes de main pour kidnapper les hommes de mer partis à la conquête des gisements d’or en oubliant leur métier de marin…
C’est aussi en flânant que l'on peut se faufiler dans les coins secrets et fleuris de San Francisco, comme les escaliers de Filbert Street, sur Telegraph Hill, au pied de la Coit Tower. Tut, tut, tut… Je vous vois venir, mais le nom de cette étrange tour n'est pas ce que vous croyez. L’édifice a été construit en hommage aux pompiers de la ville qui ont oeuvré lors du grand incendie de 1906. Et pour la petite histoire, Lillie Coit, qui en a payé la construction, fut la première femme pompier volontaire de San Francisco.Un autre point culminant vaut le détour pour embrasser du regard toute la baie: Twin Peaks, en référence aux deux collines jumelles surplombant la ville.
Un thé au jardin
Évidemment, on ne peut passer à côté de la visite du Golden Gate Park, le poumon vert de la ville, très touristique, avec plus de 13 millions de visiteurs qui s’y baladent chaque année, mais incontournable pour palper la green attitude des habitants. Il commence au bout de l’ancien quartier baba cool, Haight-Ashbury, et se termine sur le Pacifique. C’est le plus grand parc paysagé du monde (presque 5 km de long), avec une multitude de petits jardins fleuris, comme celui des rhododendrons, des camélias, ou encore le Shakespeare Garden planté de fleurs qu’on retrouve dans l’oeuvre de l’auteur. Il y a aussi des cascades et des lacs, un aquarium et un planétarium, un jardin botanique et un arboretum, un club de golf, un autre de tir à l’arc… et même des bisons. Sans oublier, pour faire une pause zen, le très beau jardin japonais où je vous conseille d’aller siroter un thé au jasmin servi dans les règles de l’art. Voilà déjà de quoi bien remplir trois ou quatre journées avant d’attaquer Alcatraz, Sausalito, Oakland, la Nappa Valley…
Haight-Ashbury. ©V.C.
Le jardin japonais du Golden Gate Park. ©V.C.
Librairie City Lights: 261, Columbus Av.
L’appartement d’Allen Ginsberg: 1010, Montgomery St. C’est là qu’il a commencé à écrire Howl, œuvre marquante de la Beat Generation.
Vesuvio Cafe: 255 Columbus Av. Kerouac et Ginsberg se retrouvaient dans ce bistrot italien pour refaire le monde.
Le Fisherman’s Wharf et le Pier 39: l’attraction incontournable, c’est d’aller voir les lions de mer qui vivent en permanence sur des barges, au bout du quai. Une chouette expérience… mais qu’est-ce qu’ils sentent fort, les cochons! On ne manquara pas non plus de faire le tour de la baie en bateau (Blue & Gold Fleet: départ du Pier 39. www.blueandgoldfleet.com
L’Exploratorium: pier 15, The Embarcadero. www.exploratorium.edu
Children’s Creativity Museum: au coin de Fourth et Howard St., un centre high-tech et multimédia, à la fois pédagogique et amusant, et un amphithéâtre. Il est situé sur le toit de la place paysagée de Yerba Buena, au coeur du quartier South of Market, à deux pas du SF MOMA.
Sather Tower: on peut monter dans ce campanile construit au début du XXème siècle sur le campus, qui est l’un des plus hauts du monde (plus de 93 m). Tarif : 3$.
Telegraph Avenue: la rue étudiante par excellence, face à l’entrée du campus. On fait le plein de musique chez Amoeba qui a un choix incroyable de CD, vinyles et DVD, neufs ou d’occasion (2455, Telegraph Av.). Et on goûte aux bagels de Noah’s Bagels (au n°2344), peut-être pas aussi goûteux que les vrais Montréalais, mais bon…
San Francisco Museum of Modern Art (SF MOMA): 151, Third St (coin de Mission St). C’est le 2e plus grand musée d’art moderne des Etats-Unis. www.sfmoma.org
Palace of the Legion of Honor: Lincoln Park (près de la 34e av.), dominant le Golden Gate. Art européen, notamment français.
The Cartoon Art Museum: 655, Mission St. www.cartoonart.org