Titre original : Thor : The Dark World
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Alan Taylor
Distribution : Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tom Hiddleston, Kat Dennings, Idris Elba, Christopher Eccleston, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Stellan Skarsgård, Ray Stevenson, Jaimie Alexander, Zachary Levi, Anthony Hopkins, Rene Russo, Chris O’Dowd…
Genre : Fantastique/Aventure/Adaptation/Suite/Saga
Date sortie : 30 octobre 2013
Le Pitch :
De retour à Asgard après les évènements survenus à New York où il combattit avec les Avengers, Thor œuvre à maintenir la paix dans les neuf royaumes, même si son esprit n’est tourné que vers la douce Jane Foster, restée sur Terre, qu’il n’aspire qu’à rejoindre.
Pendant ce temps, un certain Malekith, un antique ennemi d’Asgard, projette de détruire la galaxie en se servant d’une arme redoutable, contre laquelle ni Thor ni le puissant Odin ne peuvent agir.
Alors qu’il attaque Asgard, Malekith contraint Thor à se lancer dans une aventure pleine de risques alors même que l’univers est menacé…
La Critique :
Quand Marvel annonce l’arrivée d’Alan Taylor à la tête de la suite de Thor, les fans sont ravis. Réalisateur talentueux et inspiré de la télévision américaine responsable de quelques-uns des meilleurs épisodes de Oz, des Soprano ou encore de Six Feet Under, Alan Taylor est surtout l’un des producteurs du phénomène Game of Thrones, pour lequel il a également dirigé plusieurs épisodes. Game of Thrones, dont l’univers partage de nombreux points communs avec celui de Thor. Des points communs qui suffisent à justifier des fantasmes quasi-utopiques quant au nouveau film consacré à Thor. Le deuxième volet de la phase 2 Marvel, lancé plus tôt cette année avec Iron Man 3 et faisant donc directement suite à Avengers. En gros, tous les espoirs étaient permis !
Mais c’était sans compter le tout puissant Kevin Feige, le patron des studios Marvel et ennemi public numéro un des déçus d’Avengers (et de quelques autres films Marvel). Un homme qui a mis au point une recette implacable faite d’action et d’humour (pour résumer). Une recette qui permet à chaque nouvelle sortie de remplir les cinémas du monde entier et qui s’avère très difficile à gérer pour tous les réalisateurs qui tentent l’aventure.
Pas évident d’imposer sa patte quand on bosse pour Marvel. Beaucoup s’y sont un peu cassé les dents, écrasés par un cahier des charges aussi imposant que les biceps de Chris Hemsworth. D’autres ont brillamment su tirer leur épingle du jeu. À la vue de Thor 2, on constate malheureusement qu’Alan Taylor fait partie de la première catégorie.
Thor : Le Monde des Ténèbres est en effet un film assez impersonnel. Rien n’indique véritablement que le mec derrière les manettes a œuvré sur une série aussi dense et complexe que Game of Thrones, mis à part de petits clins d’œil amusants comme ces corbeaux qui volent au-dessus d’Asgard avant de se poser sur le bras musculeux d’Anthony Hopkins. On s’en aperçoit rapidement. Tout est trop formaté, trop calibré, trop calculé. Le spectateur est censé frémir, s’émouvoir, vibrer, s’attendrir et se marrer. Certes, c’est le cas de beaucoup de longs-métrages, mais ici les ficelles sont vraiment trop grosses. En somme pas de quoi convaincre les plus réticents.
Par rapport au premier épisode, néanmoins marqué par le désir de Kenneth Branagh d’apposer un certain cachet shakespearien, celui-ci a le cul entre deux chaises et laisse de côté la finesse.
Avec un sous-titre comme Le Monde des Ténèbres, nous étions en droit d’attendre un spectacle plus adulte et crépusculaire, mais inutile de trop creuser pour se rendre compte que ce n’est pas le cas. Le film s’évertue à tomber fatalement dans une certaine gaudriole gênante, en cassant l’image de son héros, sans pour autant réussir à jouer sur plusieurs tableaux. Thor est bien sûr l’un des personnages de l’écurie Marvel les plus délicats à adapter, mais quand même, inutile d’en faire des caisses. Et c’est d’ailleurs lorsqu’il durcit le ton et/ou lorsqu’il se concentre sur l’action pure, car heureusement il le fait, que Thor 2 décolle enfin.
Et puis il a ce scénario poussif qui enfile les invraisemblances et prend des raccourcis ultra hasardeux (réfugions-nous dans cette grotte… Ah ben tiens, c’est là qu’est la sortie ! On avait quoi !? Une chance sur 1 million de tomber dessus par hasard !?…). La simplicité a parfois du bon mais Thor 2 s’évertue à jouer à l’équilibriste avec une intrigue trop complexe à gérer. An final, on s’en fout, comprenant vite que de toute façon, le fait même d’essayer de tout piger amènerait à la conclusion amère que tout est bancal. Car au fond c’est très simple : Thor se fritte avec un type super-puissant pour sauver le(s) monde(s), veut rester avec sa nana, pardonner à son frangin même si c’est un méchant et assumer son rôle d’héritier. Va-t-il y arriver ? Allez voir le film !
Nébuleux, reposant sur un récit inutilement alambiqué, Thor : Le Monde des Ténèbres peut heureusement compter sur des comédiens rodés. Chris Hemsworth, qui endosse l’armure du dieu asgardien pour la troisième fois, confirme qu’il est taillé pour le rôle, et Natalie Portman, belle à tomber, est pétillante à souhait. Heimdall, le personnage d’Idris Elba, consacré depuis le premier volet grâce à la série Luther, mais aussi à Pacific Rim ou Prometheus, prend de l’ampleur et les autres assurent les arrières même si au fond, tout ce petit monde reste cloisonné dans un univers… trop cloisonné justement. Il y a l’excellent Chris O’Dowd aussi, et il ne sert à rien. Dommage.
Marqué par une production chaotique, Thor 2 reste un film malade. Un blockbuster aux pieds d’argile qui sauve les meubles, grâce à son sens du spectaculaire (avec un gros morceau de bravoure en guise de bouquet final) mais qui déçoit indubitablement. Et ce n’est pas la deuxième scène post-générique qui permettra aux spectateurs de quitter la salle sur une bonne impression. Alan Taylor a d’ailleurs refusé de la tourner, la trouvant à juste titre ridicule. En voilà un qui ne doit pas être fâché de revenir à Westeros pour orchestrer à nouveau la guerre du Trône de Fer…
@ Gilles Rolland