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Trois nouveaux poèmes sur les Passantes

Par Etcetera

Voici, pour poursuivre le thème des passantes commencé hier avec le 19è siècle, trois nouveaux poèmes sur ce thème, mais cette fois du 20è siècle.
Je commence avec le célèbre poème d’Antoine Pol, mis en musique par Georges Brassens dans les années 60 :

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais

A celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant

A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui s’en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d’un stupide orgueil.

Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir

J’ai trouvé sur le site arbrealettres un deuxième poème, que je trouve beaucoup plus abstrait, sur ce thème. Il est de Joë Bousquet :

Passante

Elle a promené dans les villes
Le pas qui tremblait sur les eaux
Une chanson la déshabille
Son silence est né d’un oiseau

Elle illumine la lumière
Comme l’étoile du matin
Quand tout le ciel est sa paupière
Embellit le jour qui l’éteint

Mais l’astre d’où le ciel s’envole
Sait-il où nos voeux sont allés
Quand mon coeur bercé de paroles
Se meurt de la chanson qu’il est

Quel mal trouvait-elle à me plaire
Qu’un aveu me l’ôte si tôt
Mouillant ses regards de sorcière
Des pleurs qu’il a pris au ruisseau

Hélas ne pleurez point madame
Si j’ai mes jolis soins perdu
Près d’un enfant aux yeux de femme
Qui joue à l’amant qui n’est plus

Le troisième poème que je vous propose de lire sur ce thème est de Ludovic Janvier (on peut trouver ses œuvres complètes dans la collection Poésie/Gallimard) :

Femmes qui passent

Femmes qui passent ne veut pas dire
qu’elles passent au large de moi
mais qu’elles passent à travers moi
regards allures et parfums
en y laissant de multiples traces
aussitôt gonflées comme un plumage
lequel tarde à se refermer

Je vous invite à visiter le site arbrealettres pour encore plus de poèmes sur ce thème – vous trouverez en particulier un beau poème de Rilke.



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