Sous couvert de lutte contre l’antibiorésistance, le gouvernement souhaite interdire aux vétérinaires, notamment ruraux, la prescription et délivrance d’antibiotiques.
Si le projet de loi passe, les vétérinaires iront sur place pour voir l’animal malade, feront le diagnostic et ne pourront pas administrer le traitement. L’éleveur devra alors prendre son ordonnance et chercher une pharmacie ouverte pour y acheter le même antibiotique et revenir l’administrer lui-même. Sans compter que le pharmacien n’aura peut-être pas le stock et donc il faudra revenir le lendemain ou alors il va faire une substitution du haut de ses quelques heures de formation vétérinaire et sans avoir vu l’animal. Où sont l’économie d’utilisation d’antibiotique et la santé publique dans tout cela ?
Car les vétérinaires, depuis toujours, ont été là pour assurer la santé publique « de la fourche à la fourchette ». C’est tout le sens du mandat sanitaire qui leur est confié. Depuis des années les grandes maladies ont été endiguées par les vétérinaires sur le terrain : Brucellose, Fievre Aphteuse, Rage, Tuberculose, et bien d’autres qui protègent ainsi notre santé au quotidien.
Concernant les antibiotiques les études de l’ANSES sont claires « En 2012, le volume total des ventes d’antibiotiques s’élève à 782 tonnes, il s’agit du tonnage le plus faible enregistré depuis le début du suivi. Les résultats de l’année 2012 confirment la diminution des volumes de ventes observée les années précédentes (- 41,2 % depuis 1999, – 33,3 % sur les 5 dernières années, – 14,0 % entre 2011 et 2012). » Les vétérinaires sont donc bien responsables et utilisent de moins en moins les antibiotiques en France. Ce qui n’est pas le cas dans les pays proches comme l’Italie ou l’Espagne où la prescription est séparée de la délivrance. Comme le rappelle le rapport du CGAAER (conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux) de mai 2013 »l’examen des modèles choisis par les autres pays montre qu’il n’y a pas de corrélation entre découplage et moindre prescription d’antibiotiques. » Ils vont plus loin en rappelant »la dissociation existe déjà en France pour les aliments médicamenteux. Ceux-ci représentent environ 50 % du volume d’antibiotiques vendus, et le découplage complet entre le prescripteur et le fournisseur du médicament n’a pas limité son utilisation.« Ils pointent également le risque pour la santé publique d’une séparation de la prescription et de la délivrance « Le maintien d’un maillage suffisant de vétérinaires impose de bien peser les bénéfices attendus face aux risques sanitaires liés à une désorganisation de ce réseau. De nombreux cabinets en milieu rural, seraient menacés par le découplage alors même que le nombre actuel de vétérinaires pour animaux de rente répond déjà difficilement aux besoins. »
« Au regard de ce bilan bénéfices-inconvénients, les rapporteurs n’ont pas retenu l’interdiction de la délivrance de médicaments, même limitée aux antibiotiques, pour les vétérinaires. » Voici la conclusion des rapporteurs. Alors pourquoi vouloir insister sur une telle décision au risque de fragiliser la santé publique ?
Il y aurait autre chose derrière cette volonté de séparer la prescription et la délivrance des médicaments chez les vétérinaires ?
Marisol Touraine, la ministre de la Santé, sur qui on peut compter pour nous prouver ses talents de prévention des risques puisque son fils à peine majeur a braqué une pauvre petite mamie et est aujourd’hui à la prison de la Santé (voir article de Le Point), a fait ajouter cette disposition anti-vétérinaires à ce projet de loi. Quel est l’intérêt si ce n’est de relancer le marché des pharmacies et diminuer les revenus des vétérinaires ?
Les parlementaires vétérinaires de droite comme de gauche se mobilisent pour faire stopper ce pré-projet de loi, preuve qu’il s’agit là de l’avenir de notre profession pas d’une bataille politicienne.
Les vétérinaires en colère se mobilisent le 6 novembre prochain à Paris entre la Gare Montparnasse et le Ministère de la Santé à partir de 11h00. Lors de cette «journée sans vétérinaires», les cabinets et cliniques n’assureront que les seules urgences.
Un site web est ouvert pour pétitionner si vous aussi vous voulez que les vétérinaires restent les garants de votre santé.