Hors de la pénombre et au bout d’un chemin qui serpente au bout de l’eau et entre les résidences, surgit l’espace Michel Simon. Sur ses parois, se déploie avec force d’images colorées, son programme alléchant. A l’intérieur, des classes d’élèves piaillant, animent le hall qui abrite les immenses tirages photo d’une exposition intitulée “La ville et l’eau”. L’artiste Johanne Goudstikker y révèle des lieux baignés d’eau, bassins, fontaines, bord de marne… témoins de scènes intrigantes, qui nous font parfois penser à l’Asie…
C’est donc au sommet du balcon vertigineux de la salle de spectacle que l’on prend place pour accueillir la compagnie XY. Elle apparaît dans la pénombre, en silence, dans un ballet lent et souple.
© Christophe Raynaud de LageAu départ, les artistes sont concentrés, leur expression est impassible. Chacun à leur tour, viennent montent sur un rondin, et redescendent. Puis les colonnes humaines se bâtissent et se déconstruisent doucement.
Le geste est simple, sensuel, débarrassé de connotations. On s’agrippe avec douceur, et on se laisse glisser le long de ces colonnes humaines. On retient son souffle à mesure que les uns et les autres, se mettent en place.
Lorsque la dernière personne arrive au sommet de ses étranges pyramides, elle entreprend la descente, qui est toujours gracieuse.
Des tableaux de groupe se dessinent sur scène, et l’attention est attirée sur un point puis un autre. Le rondin de bois devient un personnage à part entière à ce moment là.
Peu à peu, la salle succombe, bouche bée devant les numéros qui se succèdent. Et progressivement sont introduits les talents de chacun et la magie opère. On retient son souffle devant les voltiges spectaculaires de femmes littéralement lancées ou les pyramides dont la hauteur avoisine presque le plafond de la salle.
Dans ces cas là, nous notons la présence du groupe, présente pour parer les acrobates esquissant des figures aériennes impressionnantes.
© Christophe Raynaud de LageDans la salle, le silence est complet, même les exclamations sont discrètes, l’assemblée retient son souffle. Puis la perception évolue, les pyramides à plusieurs étages se muent en entités à part entière. On voit les colonnes s’avancer l’une contre l’autre, leur sommet change, s’échange.
© Christophe Raynaud de LageOn est emporté dans la poésie de ces mouvements, dans le déplacement de ces tours humaines. Et tout d’un coup, chaque maillon que l’on avait bien identifié joue sur l’inversion des rôles, les hommes portent les hommes, les femmes portent les femmes, et même une femme porte un homme.
Un peu plus tard, crépitent des éclats de voix, la troupe se déride, et s’exprime. Avec elle, elle encourage le public à en faire autant, repoussant les limites du concevable, surprenant davantage.
© Christophe Raynaud de LageLes voltigeuses s’échangent et s’embrassent littéralement dans les airs. La troupe laisse pointer l’humour, et le groupe lanceur se déplace à la manière d’un canon, visant ailleurs que le groupe récepteur. Les pyramides se construisent au sol, les corps s’empilant de manière stupéfiante, ou tout un numéro est fait en chantant, se terminant par un solo du porteur principal qui supporte le poids de plusieurs de ses camarades et qui pourtant continue à chanter.
Un spectacle superbe, où poésie et sensualité au sens strict se mêlent, à voir en intérieur comme en extérieur.
http://youtu.be/NLOQOuIqLuM
A suivre, la compagnie XY
Tous les crédits photos : Christophe Raynaud de Lage