Où il est question de ne rien faire et de refaire le monde!

Par Vivresansargent

30/10/2013

 J’arrive à Lurcy-Levis, après une forêt, à côté d’un village et pas très loin d’une ville. Il est presque 14h. A l’entrée du village, mon regard est attiré par un bâtiment moche comme un poux. J’avance et découvre qu’il s’agît du centre social du coin. Très bien. Je me présente à la dame du guichet et dans mon plus beau sourire, lui explique mon projet et lui fais part de mon souhait de dormir ici ce soir, à la condition qu’il existe un endroit qui a vocation à accueillir les pèlerins de Saint Jacques. « Non, malheureusement ! » Qu’elle me dit, dans son plus beau sourire, pour me montrer qu’elle aussi elle peut le faire. Alors, souriant, nous discutons. Dès que je dis aux gens que je vais à St Jacques et surtout quand je leurs dis que je suis partis de Bruxelles, ils m’offrent des Oh ! Des ah ! Des nooon ! Des outch ! Des fichtre ! Des et bien quelle histoire ! Avec cette personne donc, le courant passe aussi. Je lui laisse mon numéro de téléphone et lui demande de se renseigner et de me tenir au courant si une solution se présentait.

Je vais boire un café au bistrot du coin. La terrasse est en plein soleil, les chaises aussi, chouette ! Les heures passent, belles, douces et reposantes. J’aime tant ne rien faire d’autre que regarder passer la vie, la reluquer de haut en bas et de bas en haut, la siffler et lui roucouler un : « Hey madmouazeile, t’es bonne ! C’est si bon de prendre le temps de vivre. J’aime prendre un instant et mettre toute ma concentration et ma conscience sur l’instant. Rien d’autre que le vent sur la peau, le klaxon de Jean pour saluler Micheline, le rire du voisin de table, la gueulante du patron, le bruit du flipper et le chant des oiseaux. La vie quoi, simple et pleine.

Mon téléphone sonne. Comme je ne n’ai rien d’autre à faire, je décroche. C’est ma copine du centre sociale ! Je me retrouve donc avec le contact d’un couple de retraité qui ont l’air d’être connu comme les loups blancs dans le village. Des baroudeurs qui mangent bien. C’est ce qu’elle me dit, ma copine. Ça me sera confirmé plus tard par d’autres personnes croisées dans le bourg et par eux même encore un peu plus tard.

Comme mon agenda m’indique que je n’ai rien de prévu aujourd’hui, si ce n’est respirer, je téléphone. « Pas de problème ! Vous êtes le bienvenu! » Merveilleux. Une adresse m’est donné.

Plus tard dans l’après midi, je me dirige vers mes hôtes, sans trop savoir où je vais. Je longe un étang étendu. La lumière rasante est superbe. L’atmosphère est idéal pour se poser pour un moment de méditation. En plus, il y a un banc qui semble me tendre les bras. Je profite pleinement du lieu lorsque j’entends une voix derrière moi qui me demande si je suis Nicolas le pèlerin ! Juste derrière le banc, à trois mètres de l’autre côté du chemin, la maison de mes hôtes ! Parfait ! Merci !

En un instant, la mayonnaise prends entre nous. Ce sont d’anciens pèlerins. Ils savent ce que sait et se font une joie de m’offrir le gîte et le couvert. Somptueux. Comme ce voyage est étonnant. Tous les feux sont au vert. Je suis logé dans un petit chalet de bois avec vu sur l’étang toujours étendu. C’est chaud et confortable.

Robert refuse que je lui donne un coup de main en cuisine. Nous discutons de nos aventures. Ça file à mille à l’heure, on est excité comme des gamins. Les yeux de Robert pétillent, ceux de Laurette s’écarquillent et les miens partent en vrille de tant de simplicité. Le repas est simple mais fin et efficace. Une salade de tomate avec des graines et des pignons de pin et une belle assiette de pâte au thon. Je fais la découverte d’un fruit que je ne connais pas ! La mièle me dit-on. (Je suis bien embêté car je n’ai rien trouvé qui correspond dans le dictionnaire.) Bref, un nouveau fruit. Incroyable ! Je suis estomaqué de tant d’ignorance. C’est très bon. Ça se mange bien bien mûr, à la limite d’être blet, comme le précise Laurette. Ça ressemble au clafoutis à la poire. C’est granuleux et farineux. A découvrir.

Nous passons le repas à refaire le monde et échanger nos points de vue. On partage joyeusement un repas entre âmes simples et curieuses. Encore des gens qui n’hésitent pas à ouvrir grand leur maison à un inconnu qui chaque seconde qui passe, l’est un peu moins. Je suis le premier étonné de ce que je découvre sur la route. Je suis heureux de découvrir que tout n’est pas perdu en France. C’est juste la dynamique collective qui rouille. Pris séparément, les gens sont, à 90%, bons et prêt à rendre service. Il s’agît de les mettre en confiance.

Ce qui ressort tout le temps c’est l’impact de la télévision. C’est fou ! Tout le monde se plaint du contenu des programmes et autres informations mais tout le monde regarde cette foutu boîte qui mets nos nerfs et nos cœurs en pelote !

Face à la télé, nous sommes comme hypnotisés, incapable de bouger. Comme le lapin pris dans les phares d’une voiture et qui regarde sa mort arrivé à toute vitesse, tétanisé.

J’ai une envie soudaine de créer une association pour lutter contre les télévisions ! Le slogan serait : « éteignez, c’est gagnez ! » Nos enfants regardent la télé. Nos enfants regardent ça ! Comment peut-on leurs faire ça ! C’est horrible quand on y pense. Les scandales, les polémiques, les sondages, la violence, le sexe à outrance, les meurtres, les insultes, les décapitations, les émissions débiles où des ignorants sont glorifiés, les mauvaises nouvelles, la publicité, le manque de respect et j’en passe et des meilleurs ! Mare, j’en ai mare de me laisser gaver comme une oie par ces industries des médias, du divertissement et de la publicité, dirigées par des pervers qui ne pensent qu’aux chiffres et qui nous pourrissent le cerveau et brisent les rêves de nos enfants.

C’est assez !