REVIEW - Nous ne présentons plus ce festival crée en 2006 par l’association Esprit rock à qui, les années faisant, nous devons des affiches de plus en plus réjouissantes mais aussi une ambiance familiale, au service de concerts qui se dégustent sans modérations.
Le cru 2013 de ce Warm Up fait suite à l’excellente affiche de la fin juin (NDR nous avions chroniqué l’Open Air de juin 2013 dans nos pages) et nous présente cette année des pointures du grind et du metal extrême ! Votre serviteur n’étant disponible que la dernière journée des festivités, c’est donc la revue du concert du dimanche 27 octobre que vous allez découvrir ici.
Arrivée 15h45 fin du gig de Pervert Asshole
Fidèle à mes habitudes, j’accuse un retard de 40 minutes et j’arrive pour les dernières notes de Pervert Asshole dont j’entends les louanges de la part du public présent et des musiciens des groupes à l’affiche du dimanche. D’un côté ça ne me surprend pas du tout, leur psycho-rock-gore avait déjà fait mouche cet été et l’on ne peut que se réjouir de voir leur réputation grandir au fil des gigs. À surveiller dans les mois à venir car ce groupe est appelé à ne pas passer inaperçu tant sur le plan musical que sur le plan esthétique.
16H00 My Mental Health Degrades
Voilà l’une des bonnes découvertes de la journée ! Le harcore a tendance mélodique des Essonniens vient secouer nos esgourdes alors même que le public encore maigre à cette heure, se montre peu mobile. Le groupe crée en 2011 jouit d’un Ep depuis un peu plus d’un an et demi et nous déroule ses morceaux avec une conviction qui fait plaisir à voir. Musicalement c’est en place et les compos sont bonnes. Concernant le jeu de scène c’est au point, de jolis drapeaux décorent les lieux, les lights et la fumée qui se diffusent derrière le batteur font leur effet. Le seul problème repose sur un son un peu faiblard en ce début d’après midi (Je me rends compte qu’il est quand même 16H00 donc le début pas vraiment en fait). Du coup, sur scène on ne s’entend pas et par moment les passages plus lourds sensés distiller les riffs mélodiques, demandent un réel effort de concentration de la part de la section rythmique basse/batterie. Mais qu’importe ! Ils gardent le sourire et du même coup parviennent à haranguer quelques festivalier jusqu’ici écroulés dans les couloirs à siroter cette boisson à base d’houblon… Le concert se passe et c’est déjà l’heure de quitter la scène pour retrouver les parisiens de Lokurah.
17H00 Lokurah
Petit rappel des faits, Lokurak officie dans le giron d’un trash moderne à tendance hardcore et accuse deux albums au compteur, dont le dernier THE TIME TO DO BETER est paru en mai 2012.
Lorsque le combo investit la scène, on note que le public commence à s’épaissir et c’est là que débute le premier (timide) circle-pit. L’énergie du groupe est irréprochable, le chanteur éructe comme un beau diable (quelle puissance pour ce gabarit d’ailleurs !) tout en laissant la section rythmique et mélodique lui dérouler le tapis rouge. Les metalleux le savent, le plus important dans un groupe de trash c’est de taper du pied lorsque retentit la caisse claire. Le son des guitares est nettement plus audible que pour MMHD mais il manque peut être un chouia de décibels pour relayer les efforts d’un batteur qui distribue les coups de baguettes avec précision.
Musicalement, c’est très en place et les grattes sonnent ! "My Own Death" ou encore "The Time to do Better" rappellent immédiatement un certain At The Gates personnellement j’adore, même si j’ai l’impression que le groupe pâtit d’un volume sonore à la traine. Toutefois, la qualité du show n’est absolument pas entachée et le set vient convaincre une large tranche du public.
Le temps passe vite et le chanteur annonce la fin du gig. Hélas le public est majoritairement resté massé au fond de la salle et n’a pas osé pénétré dans le « carré d’or ». Eu égard à ce manque de spectateur on ne peut que saluer la performance de Lokurah qui se donne à 100%, cela quelles que soient les circonstances.
18H00 Strike Back
Les yvelinois déboulent comme à leur habitude avec le gros son et l’humour ! Et qu’est ce que ça fait plaisir de voir un groupe de hardcore qui ne pose pas. Chris est fidèle au poste et assure son rôle de frontman sans se prendre le crâne. Chacun occupe son rôle en prenant soin d’envoyer des riffs terriblement douloureux pour nos oreilles qui – jusqu’ici – n’avaient pas encore encaissé ce niveau de décibels.
Le public est bien présent sur le devant de la scène et commence alors le premier gros pit de journée. Un spectateur (dont je tairais le nom…) casquette sur la tête et pantalon retroussé se met à courir dans tous les sens et commence sa distribution de mosh, ce qui a pour effet de faire bouger le public ! Et si la brutalité de la musique de Strike Back contraste avec l’ambiance familiale qui règne sur scène, le public très réceptif, commence à envoyer des patates de forains dans les airs pour le meilleur et pour le pire. Un spectateur chute au sol et manque de s’encastrer la tête sur le floor de la scène, de la bière vole dans les airs et nos cinq compères continuent de faire monter crescendo la mayonnaise. Résultat : un « David et Jonathan » ("Davidian" de Machine Head ) annoncé par Chris expédié à la vitesse de la lumière laissant nos oreilles exsangues de cette prestation courte mais intense.
Strike Back a démontré – une fois encore – qu’on peut jouer une musique solide et agressive sans jouer les gros durs.
19H00 Sublime Cadaveric Decomposition
Est-il vraiment besoin de présenter ce groupe culte ?! Le public est désormais chauffé à blanc, massé sur le devant de la scène, prêt à recevoir une raclée des familles par un Seb qui démontre que la forme est toujours là après 18 ans de service ! Dagulard, met les pendules à l’heure et nous démonte les oreilles à coup de blast furieux tout en gardant le tempo. Quel batteur !
Comme l’a annoncé Seb (chanteur), ce soir nous aurons droit à l’éventail des « best-of » de tous les albums du groupe. La liste est longue et la facture salée. L’ambiance, là aussi est bon enfant, Seb annonce un titre issue de l’avant dernier morceau du deuxième album, jusqu’au momen où le géant Dagular se lève de sa batterie en lui disant : « Tu crois vraiment qu’en disant ça les mecs vont se souvenir du titre ! ». Bonne ambiance donc, mais belle leçon de grind ! Ça blaste dans les chaumières et le public délivre des circle-pit de circonstance tout en hurlant des insanités bière à la main ! Ah quelle est belle la jeunesse grind ! Quand je pense à mes esgourdes ratiboisées par tant de violence, j’ai peur. Car, qu’on se le dise, il faut avoir la santé pour survivre à ce parterre de spectateurs surexcités. Le concert passe à une vitesse folle. Entre allers retours vers le stand boisson, les stands merchandising et le serrage de mains, on arrive déjà à la fin du concert !
Et devinez quoi ? C’est au tour de Benighted de dire la messe. Amen.
20H30 Benighted
Je ne ferai pas long sur l’historique de cet excellent groupe mais il me paraît important de rappeler deux ou trois éléments pour que vous compreniez bien de quoi l’on parle. Le combo originaire de Saint-Etienne accuse sept albums au compteur des chariots de dates et une signature au sein de Season of Mist ainsi qu’un excellent bagage technique qui leur a permis de passer du death traditionnel au brutal death souvent technique qu’on lui connait. De l’eau a coulé sous les ponts en quinze ans et le set de ce soir prouve que le groupe est plus en place que jamais. Impeccable quoi ! Une leçon de violence. Le son est réglé, tantôt à feu doux, tantôt à pleine puissance, comme pour nous permettre de nous délecter de pigscream du plus bel effet, d’une basse surpuissante et d’un batteur surexcité qui réalise une prouesse technique en assimilant le set du combo en moins de huit jour (Kevin étant provisoirement dans les rangs de Decapitated pour la mini-tournée d’automne). Cet autre Kévin (Paradis de son nom, si c’est vrai !) assure et se paye même le luxe d’accélérer les morceaux tout en déclinant l’imposant "Let the blood spill between my brolen teeth" sous des coutures encore plus complexes.
Le groupe fait mouche. Tout est en place, des grattes hyper sèches, une rythmique d’enfer et un chanteur d’un enthousiasme qui n’a d’égal que son indéniable talent. Et c’est français m’sieur dames ! Je le dis car notre scène a reçu un don des dieux (si c’est vrai, Eric Adams le dit lui-même souvenez-vous des textes de « Louder Than Hell » !) pour se montrer à se point sincère et talentueuse.
Benighted nous a brisé les coucougnettes en mille morceaux. Le rideau tombe laissant le public sur les genoux. Et si le son a fait voler en éclat nos tympans il est temps d’admettre que nous allons prendre très très cher avec le morceau du boucher : Napalm Death
21H40 Napalm Death
Tout d’abord merci petit Jésus d’avoir exhaussé mon rêve, celui de voir le groupe de Birmingham dans les Yvelines ! Sans déconner. Napalm Death à Vernouillet « non mais allo quoi ?! T’habites à Vernouillet et t’as pas vu ND ?! ». Trêve de plaisanterie « Nabilienne » parlons peu, parlons-bien. J’ai pleuré. Bon c’était intérieur mais le sentiment était là. Putain quelle puissance, quelle classe aussi. Donnez à Barney, un micro, un short et une bouteille d’eau et ce mec vous fait un one man show. Juste pour vous dire, j’étais au bar en train de siroter un lait-fraise (humhum…) et un mec me dit : « putain comment c’est brutal, je le crois pas » et oui mon copain, c’est aussi cela la leçon des anciens comme Napalm Death : l’expérience !
Qu’on se le dise le talent hors-normes de ceux qui ont enfanté le grind avec SCUM osé le blast tout en jouant aux punks avec FROM ENSLAVEMENT TO OBLITERATION fricotté avec le death UTOPIA BANISHED, DIATRIBES et, tel un phénix ont élaboré un putain d’album UTILITARIAN il y a moins d’un an, ne doit rien au hasard mais à d’éreintantes tournées depuis des années et des années dans des conditions que je connais bien pour avoir suivi le groupe de près.
Alors lorsque j’entends – au cours de la soirée – quelques prétentieux(ses) me dire tout un tas de pseudos-cancans sur Napalm Death qui aurait la grosse tête, des exigences épouvantables, à ces rageux sans talents, je réponds une seule chose. Vous êtes de pathétiques ratés. À la fin de la soirée j’ai croisé Shane et Barney me donnant l’accolade pour une photo puis le même Shane allant dépenser son pognon dans du merch’ à l’entrée de la salle comme s’il était un simple touriste. Pour des mecs qui ont la grosse tête on est loin du compte. N’oublions pas que les anglais enchainent les dates et ne sont pas tout jeunes non plus. Alors donner un concert aussi carré devant un peu plus de 200 personnes un dimanche soir au fin fond des Yvelines, c’est plus que courtois surtout quand on connaît les conditions dans lesquelles voyagent ces pères de famille, et cela depuis des années maintenant. Dont acte. Rideau.
Pour revenir à ce concert, littéralement étouffant, signalons qu’il fut véloce en prenant soin de piocher dans le dernier album comme dans les plus anciens. Le résultat est au dessus de mes espérances : la gratte est déchirante et le jeu de scène de Barney est digne d’un épileptique sous l’emprise d’une ou plusieurs drogues. Ce mec ne cesse jamais de secouer la tête c’est incroyable. Que dire de Danny Herrera, plus gros que jamais, qui tabasse ses futs avec une facilité déconcertante ? 31 ans de carrière et les mecs hésitent pas à se déplacent chez nous pour nous offrir une leçon de metal.
Bravo à Esprit Rock d’avoir défendu les couleurs du metal sur cette édition 2013 et surtout un grand merci à Djée pour sa convivialité !