Le capital humain, aujourd’hui, devient une préoccupation stratégique et majeure des nations. Pour l’Algérie c’est d’autant plus important que la valorisation de cette ressource impose de revoir et de refonder les liens entre l’université et l’entreprise.
Cette démarche n’est pas encore adoptée en Algérie du fait que le lien entre l’université et l’entreprise reste toujours ténu et faible. Lors de son passage sur les ondes de la radio nationale Chaîne III Dr. Mohamed Chérif Belmihoub, professeur en économie et directeur de l’Ecole nationale supérieure de management, à Alger, souligne que « la valorisation du capital humain est une question cruciale pour le développement économique ».
L’invité de la rédaction déplore le fait qu’en Algérie l’on est sorti du schéma classique de l’université, mais sans être en relation avec le monde
économique dans les systèmes productifs. Il précisera que pour répondre à des besoins spécifiques aujourd’hui dans le système productif, il y un besoin des compétences qualifiées. Et de
poursuivre, notre pays a consacré un budget très important pour la formation et l’éducation. Par conséquent nous devons utiliser et exploiter ces ressources pour donner des
compétences à l’industrie et fabriquer à l’économie une croissance. Parce qu’a-t-il dit, la croissance économique est une ambiance et une culture alors tout cela tourne autour du
système éducatif et de formation. Sur le plan budgétaire, souligne l’économiste « on a fait suffisamment, mais on a besoin encore de maintenir ce cap sur la dépense publique sur le
système éducatif ». J’insiste, a-t-il ensuite indiqué, sur le système éducatif de base, parce que si on rate ce segment de l’enseignement on subira des conséquences. Selon
lui, la formation ne se fait pas seulement au sein des écoles, il est aussi important, de faire des formations dans les entreprises. Ce qui permettra d’être au même rythme d’avancement des
technologies. Il est urgent aujourd’hui de créer une ligne directe entre le monde universitaire et celui de l’entreprise. Cette relation permettra la croissance de notre économie. Quand on
dépense de l’argent dans le système éducatif et la formation on produira des externalités sur une longue période. Il explique à titre d’exemple qu’un ingénieur bien formé travaillera
pendant plus de 30 ans. Mettant l’accent sur le nombre des universitaires, il a indiqué « du fait que nous avons 1,2 million d’étudiants, c’est un bon indicateur pour le développement du
capital humain ». Il a relevé que, selon les déclarations des chefs d’entreprise, plus de 37,7% des chefs d’entreprise n’ont pas trouvé sur le marché de l’emploi les
compétences souhaitées. Tout en insistant dans ce contexte que « les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle doivent prendre en considération cette
question : quoi former et comment former ? » « L’université d’aujourd’hui doit former les gens qu’on peut utiliser dans le système économique », souligne-t-il. A une question
relative à la formation à la carte il a répondu que l’université n’est pas adapté pour faire cette formation, parce que c’est très compliqué et très difficile, mais ce qui est
nécessaire aujourd’hui c’est de former des gens qui sont aptes à s’adapter au monde du travail. L’invité de la rédaction a déploré le fait que le nombre des diplômés dans les filières
sciences sociales est très élevé par rapport aux filières scientifiques. « Notre économie ne produit pas de postes suffisant pour les sciences sociales, c’est pour cela que le nombre des
jeunes chômeurs est très élevé », conclu Mohamed Chérif Belmihoub.
Makhlouf Ait Ziane
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