Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtrepour voir les champs et la rivière.Il ne suffit pas de n'être pas aveuglepour voir les arbres et les fleurs.Il faut également n'avoir aucune philosophie.Avec la philosophie, il n'y a pas d'arbres:il n'y a que des idées. Il n'y a que chacun d'entre nous,telle une cave.Il n'y a aucune fenêtre fermée,et tout l'univers à l'extérieur;et le rêve de ce qu'on pourrait voirsi la fenêtre s'ouvrait,et qui jamais n'est ce qu'on voitquand la fenêtre s'ouvre.
Fernando Pessoa, Poèmes désassemblés, dans: Le gardeur de troupeaux, suivi de: Poésies d'Alvaro de Campos (coll. Poésie/Gallimard, 2012)
traduit du portugais par Armand Guibert
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